NECESSITE DES MOUVEMENTS DE RESISTANCE DANS LES PAYS ARABES

Publié le par ELMIR

NÉCESSITÉ DES MOUVEMENTS DE RÉSISTANCE DANS LES PAYS ARABES 

 

Ce lundi, se réunissent à Beyrouth les partis de la majorité et de l’opposition libanaises pour discuter de cette question d’une brûlante actualité : faut-il désarmer le Hezbollah ? Si l’on en croit les observateurs locaux, les protagonistes vont parler de tout sauf de cette question qui revient à intervalles réguliers sur le devant de la scène libanaise surtout après la dernière guerre israélienne sur Gaza. Les partis de la majorité, partisans du désarmement du Hezbollah disent que seul l’Etat a le droit de posséder des armes pour défendre ses citoyens contre une agression étrangère. Les partis d’opposition et les représentants du Hezbollah leur rétorquent que l’armée libanaise n’a pas les moyens de défendre la patrie contre une agression étrangère et l’expérience des guerres israéliennes contre le Liban depuis 1982 montre que l’armée libanaise ne fait aucunement le poids face à l’ennemi sioniste et que la libération des territoires libanais en 2000 après dix-huit ans d’occupation était due au mouvement de la résistance libanaise menée par le Hezbollah.

 

Incontestablement, ce sont les arguments du Hezbollah qui sont pertinents, car, ce qui a libéré le Liban de l’occupation israélienne en mai 2000, ce n’est par l’armée libanaise mais le mouvement de la résistance libanaise menée par le Hezbollah et des partis politiques laïcs comme le parti communiste libanais. Pendant les dix-huit années d’occupation du pays par l’armée israélienne, l’armée libanaise n’a opposé aucune résistance à l’occupant. Bien plus, une faction de cette armée, l’ALS, formée de soldats chrétiens du sud du Liban, s’est transformée en une armée supplétive de l’armée sioniste. Par ailleurs, du fait de sa composition multiconfessionnelle, l’armée libanaise est loin de présenter une garantie de cohésion en cas d’agression sioniste et elle se désagrègera au fur et à mesure de l’exacerbation des tensions confessionnelles. Il a suffi de quelques semaines après les événements du 13 avril 1975 pour que cette armée libanaise vole en éclat, ouvrant la voie à une guerre civile qui a duré 15 ans et qui a fait des centaines de milliers de morts. Outre cet aspect multiconfessionnel, les puissances impérialistes interdisent à l’armée libanaise comme à toutes les armées arabes de la région du Moyen Orient de posséder des armes perfectionnées susceptibles de mettre en cause la supériorité militaire israélienne. Car les technologies militaires dernier cri et les plus perfectionnées doivent aller exclusivement à la colonie occidentale du Moyen Orient, Israël. C’est pourquoi les armées arabes n'ont pas fait le poids lors de la guerre des Six Jours de juin 1967. C’est justement cette guerre éclair qui a fait naître l’esprit du défaitisme et de la résignation dans la tête de l’homme arabe et c’est cette idée de l’invincibilité de l’armée israélienne qui a conduit les régimes arabes à tous les compromis possibles en bafouant d’abord les droits légitimes des peuples palestiniens et en signant des accords et des traités aussi humiliants les uns que les autres pour leurs peuples.

 

BUDGETS MILITAIRES DES RÉGIMES ARABES EN FLÈCHE

 

D’après le rapport 2008 de l’institut suédois, SIPRI, les budgets de défense des pays du Moyen Orient ont connu une croissance spectaculaire au cours des dernières décennies. C’est la région du monde qui a connu la plus forte croissance des dépenses militaires avec une augmentation de 62% depuis 1998, soit la somme de 91,5 milliards de dollars en 2007. Tous les Etats du Moyen Orient ont vu leurs budgets militaires augmenter de 30% par rapport à 1998. Les hausses les plus spectaculaires ont été enregistrées par les monarchies du Golfe en raison de l’acquisition par ces Etats de technologies militaires dernier cri et à forte valeur ajoutée. Pour l’année 2007, les trois Etats de la région ayant consacré le plus d’argent à l’armement sont l’Arabie Saoudite(35,5 milliards de dollars, soit 39% du total régional, Israël(13,5 milliards soit 15% et l’Iran(8,6 milliards soit 9,4%). L’Arabie Saoudite fait partie des dix pays les plus dépensiers en armements à l’échelle planétaire en se classant à la huitième position avec 3% des dépenses militaires mondiales. Une grande part du PIB des pays du Moyen Orient va à l’armement et aux dépenses militaires avec 8,5% pour l’Arabie Saoudite, 8% pour Israël et 11,2 % pour Oman. Par ailleurs, à l’exception d’Israël, tous les Etats du Moyen Orient dépendent du complexe militaro-industriel occidental et ils sont tributaires des fabricants d’armes qui se trouvent aux Etats-Unis, en Europe en Russie et en Chine. L’essentiel des importations du Moyen Orient a été réalisé par cinq Etats : Les Emirats Arabes unis (35% du total des importations du Moyen Orient), Israël(20%), l’Egypte(17,5%), Arabie Saoudite(7%) et l’Iran(5,5%). Cela veut qu’en cas de menace sur la sécurité de l’Etat sioniste, les Etats-Unis et l’Europe peuvent décréter un embargo sur la vente d’armes en direction des Etats hostiles à Israël rendant ainsi inutilisables et non opérationnels tous leurs armements. Le cas de l’Irak est éloquent à cet égard avec l’embargo imposé à ce pays de 1991 à 2003 et qui a cloué au sol les avions irakiens faute de pièces de rechange.

 

A l’exception de l’Iran et de la Syrie, tous les pays du Moyen Orient sont des alliés des Etats-Unis et de l’Occident en général. Quand Israël consacre tant d’argent à l’armement, c’est pour faire des guerres et pour maintenir son occupation des territoires arabes et palestiniens. Mais qu’en est-il des sommes colossales consacrées par les Etats arabes ? Il y a tout lieu de penser que les armes achetées par ces pays sont destinées non pas à combattre un ennemi extérieur mais plutôt à un ennemi intérieur, leurs peuples. Pourquoi les Etats arabes du Moyen Orient consacrent-ils des sommes faramineuses pour acheter des armes alors que leurs peuples vivent dans la misère, dans la privation ? Pourquoi tous ces milliards dépensés annuellement à acheter des armes dernier cri n’iront-ils pas à l’élévation du niveau de vie et d’instruction des peuples arabes ? Mais si les priorités de ces régimes vont plutôt à l’armement et non pas à l’instruction et au progrès social et économique c’est parce qu’ils ont peur de leurs propres peuples. C’est pourquoi les peuples arabes doivent s’organiser en mouvements de résistance à la fois pour se défendre contre les régimes politiques qui les oppriment et qui les maintiennent dans l’ignorance et l’humiliation et contre l’entité sioniste usurpatrice de la terre palestinienne.

 

DES MOUVEMENTS DE RÉSISTANCE PAS CHERS ET PLUS EFFICACES

 

Pour s’opposer à leurs régimes répressifs et pour combattre leur ennemi commun, l’Etat sioniste, les peuples arabes du Moyen Orient n’ont pas deux ou trois solutions ; ils n’en ont qu’une seule, la résistance. Après la guerre du Liban de l’été 2006 et la guerre de Gaza, les peuples du Moyen Orient ont maintenant acquis la certitude qu’ils auront deux ennemis à combattre : leurs propres gouvernements et l’Etat sioniste. Les gigantesques manifestations de soutien des peuples arabo-musulmans aux Gazaouites ont mis à nu des régimes politiques pourris jusqu’à la moelle. Les guerres du Liban en 2006 et celle de Gaza aujourd’hui montrent comment quelques familles féodales régnantes au sein du monde arabo-musulman usurpent et bradent la volonté de quelques trois cents millions d’individus faisant partie d’une seule aire géographique et linguistique qu’est le Moyen Orient. Ces mouvements de résistance qui émergent progressivement sur la scène du Moyen Orient auront d’abord à se défendre contre des ennemis intérieurs et contre l’entité sioniste. Les mouvements de résistance sont beaucoup plus efficaces que les armées régulières et ils peuvent se révéler à la longue d’une redoutable efficacité. Ces mouvements de résistance sont beaucoup plus homogène du fait qu’ils groupent des hommes unis par des croyances et des idéaux qui les motivent et qui les poussent à se donner à fond pour leur cause commune. Alors que les soldats des armées permanentes sont mus par le seul intérêt matériel, le solde, d’où le terme soldat. Les soldats des armées régulières sont des mercenaires payés pour faire la guerre sans trop croire à la cause pour laquelle ils sacrifient leurs vies. La désagrégation rapide de l’armée irakienne en 2003, comme celle des armées arabes pendant la guerre de 1967 montrent les limites des armées régulières à faire face aux agressions étrangères. Les deux guerres du Liban et de Gaza sont des contre-exemples qui prouvent l’efficacité des mouvements de résistance qui, malgré leur infériorité numérique et logistique, peuvent faire face à des armées régulières qui leur sont supérieures militairement. Cela veut dire concrètement que pour gagner une guerre, il ne suffit pas d’avoir à sa disposition des effectifs militaires en grand nombre ou des technologies militaires dernier cri mais il existe d’autres variables qui se révèlent beaucoup plus décisives comme les croyances idéologiques des combattants et la noblesse de la cause pour laquelle ils combattent. Quelques centaines de combattants libanais et palestiniens ont pu affronter sans problème des dizaines de milliers de soldats et de réservistes sionistes. Il est vrai que ce sont les civils qui paient toujours le prix de cette guerre asymétrique mais l’histoire des mouvements de libération nationale a montré que la victoire a toujours été du côté de la partie faible militairement.

 

Les combattants des mouvements de résistance et de libération nationale n’ont pas pour vocation de mener une guerre frontale contre leur ennemi mais une guerre d’usure destinée à saper son moral et à créer le doute dans sa capacité à vaincre. Tout le travail des mouvements de résistance consiste à user les nerfs de l’ennemi et à le démoraliser. Le principe de base des mouvements de résistance est d’attaquer et de se cacher en changeant sans cesse d’endroits puis de recommencer plus tard avec la même technique de harcèlement de l’ennemi. Il faut faire sentir à ce dernier qu’il ne sera nulle part en sécurité et qu’il peut tomber à tout moment dans un traquenard. Le combattant d’un mouvement de résistance doit utiliser la technique d’usure des nerfs de son ennemi qui, à la longue, résigné et découragé, va finir par se décider à plier bagage et à fuir la terre et le pays qu’il a occupés injustement. Les mouvements de résistance ne doivent jamais être pressés ; ils doivent s’armer de patience et miser sur la durée et non sur la seule action immédiate. Sans huit années de luttes et de combat de 1954 à 1962 contre les colonisateurs français, l’Algérie serait aujourd’hui toujours un département français. Dans le cas d’Israël, une colonie implantée au cœur du Moyen Orient par les puissances impérialistes au début du XXe siècle, les mouvements de résistance libanais, palestiniens mettront peut-être plus ou moins de huit années pour venir à bout de l’Etat sioniste. Mais ce qui est sûr, grâce à leur persévérance, ils finiront à la longue par user les nerfs et des sionistes et de leurs protégés, les Etats impérialistes. C’est une leçon d’histoire et non pas une pure fantaisie de l’imagination. Après tout, la France était obligée d’abandonner la terre d’Algérie après 132 années de colonisation. Pourquoi le sort d’Israël en sera-t-il différent ?

 

Pour terminer cet article, il suffit de mentionner les dangers auxquels sont exposés les deux mouvements de résistance libanais et palestiniens. Depuis la fin de la guerre du Liban en août 2006, les puissances impérialistes cherchent en vertu de la résolution 1701 à empêcher le Hezbollah de s’armer et de perfectionner ses armements. L’embargo maritime se révélant insuffisant, les Etats-Unis, Israël et l’Europe utilisent tous les stratagèmes pour désarmer le Hezbollah et cherchent parallèlement à renforcer militairement l’armée libanaise. Après la guerre de l’été 2006, les Etats-Unis et Israël, avec l’aide de la Jordanie, des Emirats Arabes unis(EAU), l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont armé leurs alliés libanais. Une nouvelle guerre civile a failli éclater cet été quand les militants du Hezbollah avait occupé la moitié ouest de Beyrouth. Cette guerre civile qui avait pour objectif d’affaiblir militairement le Hezbollah a été évitée de justesse grâce à l’accord de Doha et l’élection d’un nouveau président libanais, Michel Souleiman. La stratégie actuelle du nouveau président consiste à doter l’armée libanaise d'armement lourd comme l’acquisition de dix avions russes Mig 29, des véhicules blindés, des hélicoptères et des stations radars. Ce qui semble curieux dans cette histoire, c’est que jusqu’ici les Etats-Unis et Israël s’étaient toujours opposés à l’acquisition par le Liban de matériel militaire lourd et plus performant pour ne pas remettre en cause la supériorité israélienne. Cependant le renforcement de l’armée libanaise s’insère dans une stratégie américano sioniste visant à doter l’armée libanaise de matériel lourd destiné à combattre le Hezbollah. Après avoir échoué en été 2006 à briser la puissance militaire du Hezbollah, les Etats-Unis, Israël et les Etats arabes « modérés » changent de stratégie en essayant de renforcer l’armée libanaise face au parti chiite.

 

 

L’autre mouvement de résistance qui est actuellement en ligne de mire des régimes arabes réactionnaires, de l’Europe et des Etats-Unis, est le Hamas palestinien. Tout le monde est d’accord pour admettre que la guerre menée par Israël contre le mouvement de résistance palestinien avait été décidée en accord avec l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Selon certaines sources bien informées, c’est bien l’Arabie Saoudite qui a assuré le financement de la campagne militaire israélienne sur Gaza. Pour finir le travail commencé par Israël pendant 22 jours de bombardements, l’Egypte, les Etats-Unis et la France cherchent actuellement, comme pour le cas du Hezbollah libanais, à empêcher le Hamas de s’armer et de perfectionner son armement. Tout récemment, des soldats égyptiens ont été envoyés au Texas pour s’entraîner à la détection des armes dans les tunnels. 1500 soldats égyptiens supplémentaires ont été déployés tout le long des frontières entre l’Egypte et Gaza. Sans parler de l’accord conclu le 16 janvier en Condolezza Rice et Tsivi Livni visant à empêcher l’arrivée drames au Hamas. Sur ordre de Sarkozy, une frégate française commence à patrouiller le long des côtes avec Gaza pour priver le Hamas de son droit de s’armer et de mener sa résistance contre l’occupation sioniste.

 

 

 

Alors qu’en même temps, l’Union européenne a vendu à l’Etat sioniste des armes pour un montant de 200 millions d’euros en 2007(Article dans EUOBSERVER, par Leigh Phillips, Arms exports to Israël from EU worth 200 millions euros, 10/01/2009). Pourquoi Israël aura-t-il le droit de s’armer jusqu’aux dents alors que l’on cherche à interdire au Hamas le droit de se défendre face à la barbarie sioniste ? Comprendra qui pourra.

 

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots-clés : armées, pays arabes, mouvements de résistance, dépenses militaires.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article