JUSTICE INTERNATIONALE...QUELLE JUSTICE INTERNATIONALE?(2)

Publié le par ELMIR

JUSTICE INTERNATIONALE …QUELLE JUSTICE INTERNATIONALE ?(2)

 

UNE JUSTICE INTERNATIONALE À GÉOMÉTRIE VARIABLE

 

A- LE PROCÈS DE NUREMBERG :

UNE JUSTICE DE VENGEANCE ET DE VAINQUEURS

 

Après la défaite du nazisme, les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale se réunirent à Londres et décidèrent la création d’un tribunal spécial pour punir les hauts responsables du régime nazi. Ce fut le tribunal militaire international de Nuremberg créé par les accords de Londres du 8 août 1945 qui définirent le statut du tribunal, ses règles de fonctionnement, les procédures à suivre ainsi que la nature des chefs d’accusation. Un Tribunal parallèle fut institué à Tokyo le 16 janvier 1946 pour juger les hauts responsables japonais militaires et politiques.

 

Comme le montrent les accords de Londres, la création du tribunal de Nuremberg était motivée moins par des impératifs de justice et le respect des principes juridiques du droit international que par la volonté des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale de punir et d’humilier leurs ennemis nazis. Les Alliés ont voulu se faire justice eux-mêmes sans faire beaucoup de cas de l’ordre juridique existant ou de s’embarrasser de principes moraux transcendants. Autrement dit, le procès du Nuremberg était une parodie de justice et une simple mise en scène médiatique, car, avant le projet de création du tribunal de Nuremberg, les Alliés voulaient tout simplement exécuter par fusillade ou par pendaison les hauts dignitaires du régime nazi. C’est notamment l’idée de Churchill qui prônait l’exécution par pendaison ou par fusillade après l’établissement d’une liste de noms préalablement établie. Mais les positions des Alliés ont évolué vers l’organisation d’un procès public des anciens dignitaires nazis surtout après l’arrivée de Harry Truman à la Maison Blanche et la conférence de Postdam. 

 

Le tribunal créé par les Alliés par les accords de Londres portait le nom de tribunal militaire international de Nuremberg.  Mais ce tribunal n’avait rien d’international puisqu’il avait été mis en place par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Union soviétique. Le procès de Nuremberg avait été préparé par un juge de la Cour suprême américaine, Robert Jackson. Ce sont les procédures accusatoires anglo-saxonnes qui ont été choisies comme mode opératoire lors du procès.  Ce sont les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale et les membres signataires des accords de Londres qui ont choisi à leur guise les chefs d’accusation et qui ont décidé de dire ce qui est crime contre l’humanité, crime de guerre, génocide, crimes contre la paix. La notion de complot n’est pas un principe du droit international mais l’œuvre d’un avocat américain, Marray Bernays. Pour juger les responsables nazis, les organisateurs du procès de Nuremberg avaient appliqué le principe de la non-rétroactivité, ce qui constitue une violation flagrante des lois pénales de la rétroactivité. En violant le principe de la rétroactivité, le tribunal de Nuremberg apparaît comme une juridiction de vengeance et non comme une justice équitable visant à punir ce qui est punissable et ce qui ne l’est pas. Au terme de ce procès, aucun des accusés n’a été acquitté, ce qui montre que le caractère purement médiatique du procès de Nuremberg dont le but était moins de rechercher la vérité et de rendre justice aux victimes et même aux bourreaux que de punir et d’humilier des vaincus et des ennemis. Au fond, le procès de Nuremberg n’a rien dévoilé sur ce qui différenciait la nature du régime nazi des autres régimes politiques européens à part les visées impérialistes des nazis qui étaient concentrées sur le continent européen alors que celles des Etats-unis, de la France, de la Grande Bretagne étaient plutôt l’Afrique et l’Asie. Ceux qui étaient sur le banc des accusés n’ont rien dit ou n’ont pas pu dire ni sur ce qu’était réellement le régime politique dont ils étaient les promoteurs et les acteurs ni leur rôle exact dans le fonctionnement de la machinerie nazie, car ce qu’ils préoccupaient avant tout, c’était moins de dire la vérité que de sauver leur peau et pour éviter la peine maximale. Sur les victimes juives pendant la Seconde Guerre mondiale, on peut faire la même remarque concernant le nombre de juifs victimes de la politique raciste nazie, car personne n’était capable d’établir le nombre exact de juifs péris pendant la Seconde Guerre mondiale, car ni les accusés ni les victimes n’étaient en mesure de produire des données fiables. Il est bien malheureux de parler de chiffres s’agissant de la mort d’hommes, juifs ou non juifs, mais la vérité n’était pas le cadet des soucis ni des Alliés ni des dirigeants nazis responsables de la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. On comprend le doute de Richard Williamson, réhabilité par Benoît XVI puis révoqué de sa mission en Argentine pour avoir mis en doute le nombre de victimes juives pendant la Seconde Guerre mondiale en avançant le chiffre de 300 000 victimes juives et non pas 6 millions comme l’affirme la version officielle. Richard Williamson a bien raison de douter des chiffres officiels, mais il n’a jamais nié la réalité de l’holocauste. Ce qui a facilité grandement le travail des négationnistes, c’est plutôt l’industrie de l’holocauste et les commerçants de la Shoah. 

 

En définitive, le procès de Nuremberg était une parodie de justice et que l’on s’attendait par ailleurs comme dans chaque procès politique, à ce que les accusateurs et les accusés nous apprennent quelque chose sur la nature et les caractères d’un régime ou d’un système. Or le procès de Nuremberg étant plus un procès politique qu’autre chose, n’a rien apporté en matière de vérité historique et ce qui est dommage et pour les acteurs du moment et pour les générations futures.

 

B- CRIMES AMÉRICAINS À HIROSCHIMA ET À NAGASAKI

 

Le 6 août 1945, c’est-à-dire deux jours avant la création par les  Alliés, en vertu des accords de Londres, du tribunal militaire international de Nuremberg, les Etats-Unis d’Amérique lâchait peu après 8H15 sur la ville japonaise Hiroshima, sa première bombe atomique tuant sur le coup 237 062 personnes selon les derniers chiffres avancés par le maire de cette ville lors d’un discours prononcé en 2005. En quelques secondes, la bombe dont la puissance est l’équivalent de 15 000 tonnes de TNT a fait augmenter la température sur le sol à plus de 4000° . les blessures causées par la déflagration sont responsables de la mort de 65% des décès. La principale cause des décès a été l’irradiation instantanée au moment de l’explosion.

 

Le 9 août 1945, c’est-à-dire, seulement un jour après la création par les Alliés du Tribunal militaire international de Nuremberg, les Etats-Unis d’Amérique, cette « plus grande démocratie au monde », lâchaient sa deuxième bombe atomique sur la ville japonaise de Nagasaki tuant sur le coup d’après des estimations récentes, 80 000 personnes sur une population estimée à l’époque à 250 000 habitants. La bombe lancée sur Nagasaki était encore plus puissante que celle de Hiroshima, puisqu’elle équivalait à 20 000 tonnes de TNT contre 15 000 pour celle de Hiroshima. Parmi les « journalistes embarquées » de l’époque à des fins de propagande après le bombardement d’Hiroshima, figurait un certain Wilfred Burchett, journaliste au Daily Express de Londres. Premier journaliste occidental à entrer dans la ville sinistrée, il décrit ce qu’il avait vu dans un article intitulé «  J’écris cela comme un avertissement au monde ».(voir l’article de John Pilger dans le monde diplomatique, « quand les mots font écran à l’histoire », octobre 2004. L’avertissement lancé par ce journaliste concernait les effets de la radioactivité que les forces alliées d’occupation cherchaient à dissimuler. Les séquelles de la radioactivité sont: les leucémies, l’augmentation du nombre de cancers chez les survivants, cataractes, stérilité, fréquence des maladies pulmonaires, cardiaques, digestives. Encore aujourd’hui, au Japon, 252 000 personnes charrient les séquelles du bombardement atomique sur Hiroshima et Nagasaki. Sans parler de toutes les destructions matérielles engendrées par les effets des deux explosions atomiques.

 

La propagande états-unienne a toujours véhiculé l’idée que les deux bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki étaient destinées à mettre fin à la Seconde Guerre mondiale. Or cette idée ne résiste pas un seul instant à l’analyse minutieuse des faits. Quand les Etats-Unis avaient décidé de lancer les deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, l’empereur Hirohito préparait depuis bien longtemps la reddition de son pays. D’abord, le Japon au moment où les Etats-Unis avaient décidé de lancer leurs deux bombes atomiques était à genou et il était prêt à signer sa réédition. En août 1945, le Japon était un pays terrassé et à bout de souffle, avec des mouvements de résistance brisés, une armée défaite et des troupes soviétiques au Manzhougou. Comme l’explique John Pilger dans un article publié dans le journal anglais the Guardian du 6 août 2008, « The Lies of Hiroshima live on, props in the war crimes of the 20th century », le Japon cherchait la capitulation sans conditions. Ce que révèlent des documents dans les Archives nationales de Washington qui confirment que le Japon voulait capituler dès 1943 et encore plus en mai 1945 c’est-à-dire au même moment que l’Allemagne nazie.  

 

En réalité, les deux bombes d’Hiroshima et de Nagasaki avaient bien d’autres objectifs que d’obtenir la capitulation du Japon. D’abord, les deux bombes atomiques étaient destinées à affiner les expériences en vue d’améliorer la puissance des futures générations d’armes nucléaires. Ensuite, les deux bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki faisait partie d’une guerre psychologique préventive visant l’Union soviétique et le communisme international. Les deux bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagasaki ayant entraîné la mort de 300 000 personnes sans parler des séquelles d’hier et d’aujourd’hui de la radioactivité visaient d’autres objectifs politiques et psychologiques que d’obtenir la reddition sans condition du Japon. Si les Alliés étaient logiques avec eux-mêmes, ils se seraient appliqués les principes du tribunal militaire international de Nuremberg en jugeant Harry Truman, William Pearsons, chargé de la maintenance et de l’assemblage de la bombe, Paul Tibbets, le commandant de bord du bombardier B-29 pour les crimes suivants:

-crimes de guerre,

- crimes contre l’humanité,

-violation de la Convention de la Haye sur les coutumes de guerre,

- violation des Conventions de la Haye de 1899 et de 1907 pour usage des armes nucléaires, l’emploi de poison ou d’armes empoisonnées, attaque ou bombardement, par tout moyen, de villes, habitations et bâtiments non défendus. Rappelons que lors des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, les Etats-Unis étaient signataires des deux Conventions de La Haye de 1899 et de 1907. Les nazis n’ont pas lancé des bombes atomiques sur les villes européennes ni sur les villes américaines et pourtant les hauts dignitaires du Troisième Reich ont tous été condamnés pour crimes de guerre, crimes contre l’Humanité, complot contre la paix etc.

C- CRIMES FRANÇAIS EN ALGÉRIE

 

On parle trop souvent de crimes nazis, de crimes staliniens, mais on ne parle jamais des crimes des Français en Algérie notamment à partir du début de l’insurrection algérienne, le premier novembre 1954. Les historiens de l’Algérie française sont unanimes pour admettre les tortures infligées aux combattants du FLN et à tous les Algériens soupçonnés de complicité ou de collaboration avec les nationalistes. Il faut reconnaître que les méthodes des tortionnaires français en Algérie sont des méthodes prouvées ayant une réputation mondiale comme en témoigne l’aide demandée par les tortionnaires américains dans leur prétendue guerre au terrorisme et pour lutter contre la résistance en Irak. La répression française en Algérie s’est intensifiée après du 7 janvier 1957 quand Lacoste avait transmis pleins pouvoirs aux généraux  Massu et Bigeard chargés de réprimer durement l’offensive nationaliste. Par exemple, le dirigeant nationaliste Larbi Ben M’hidi avait été assassiné par l’équipe du commandant Paul Aussaresses.  Pour rétablir l’ordre public, les généraux et les parachutistes ont procédé à l’arrestation par milliers et à la torture généralisée. Ces méthodes violentes des généraux et parachutistes avaient à l’époque provoqué de vives réactions dans le monde entier. Pendant la guerre d’Algérie, la France a bafoué toutes les conventions internationales relatives à la conduite de la guerre.

 

Jusqu’à l’instauration de l’état d’urgence en avril 1955, par Edgar Faure, celui-là qui défendait les intérêts français lors du procès de Nuremberg, la torture était le fait de la police qui utilisait les grands moyens pour arracher des aveux et pour obtenir des renseignements sur le MTLD(Mouvement pour le triomphe des Libertés Démocratiques). C’est un article de Claude Bourdet qui révèle les méthodes répressives de la police française pendant la guerre d’Algérie. Cet article fait état de sévices répétés de 1950-1951 avec la complicité de la magistrature. Les deux techniques mises en œuvre par les policiers étaient l’eau et l’électricité. Des unités militaires étaient envoyées dans la campagne pour rechercher des renseignements par la torture et le pillage. Quand les villageois s’enfuyaient, les unités de campagne tuaient volailles et bétail. Tout algérien était suspect et ceux qui étaient arrêtés, hommes ou femme, disparaissaient à jamais sans avoir aucune idée du sort qui leur avait réservé.  Ces mesures répressives étaient prises avec l’aval du haut commandement au temps de Soustelle. Après la bataille d’Alger, la torture était  devenue méthodique et s’est érigée en système organisé avec des fichiers sur tous les suspects et une liste dressée destinée à faciliter la rafle massive dans les quartiers musulmans de la ville. Les personnes arrêtées étaient parquées dans des centres de  détention où ils soumis pendant leurs interrogatoires à la torture par l’eau et l’électricité. Après la torture, ceux qui ont été relâchés sont assignés à résidence et surveillés par des paras et des guetteurs. Beaucoup d’entre eux devenaient fous. D’après un rapport de la police, sur les 24 000 assignés dans les camps, 4000 avaient « disparu ». Dans son livre « damnés de la terre », Franz Fanon parle en témoin et en connaisseur des séquelles de la torture pendant la guerre d’Algérie (voir le chapitre guerre coloniale et troubles mentaux). Nous avons trouvé sur Internet le témoignage d’un résistant algérien torturé pendant la guerre d’Algérie (Lire le témoignage de M. Hammou Mohamed  dit Rachid, témoignage sur la Torture d’un résistant algérien. http://www. Geocities.com/acaoh/temoignagetorture.htm ?200924) Notons enfin le témoignage du général Aussaresses qui reconnaît dans ses mémoires sa responsabilité dans la torture pendant la guerre d’Algérie.

 

Quelle différence y-a-t-il entre les crimes nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et ceux des Français en Algérie ? Aucune. Et pourtant, personne n’a demandé à l’État français de rendre compte de ses crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Algérie alors que ce même État français avait reconnu deux fois sa responsabilité dans la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Comprendra qui pourra !

 

D-CRIMES AMÉRICAINS AU VIETNAM

 

Pendant la guerre du Vietnam, les Américains avaient utilisé des armes chimiques et bactériologiques prohibées par les deux conventions de La Haye, de 1899 et de 1907. D’abord, en intervenant au Vitenam, les Etats-Unis avaient commis un crime contre la paix si l’on se réfère aux principes adoptés par les Alliés pour juger les hauts responsables nazis. Ce n’est pas le lieu ici pour faire l’inventaire de tout ce que les Américains avaient fait pendant la Guerre du Vietnam. Il suffit tout simplement de rappeler les crimes commis par le lieutenant Wiliam Calley, chef de section au Vietnam qui avait ordonné en 1968 le massacre de civils vietnamiens, y compris des enfants à My Lai ; Traduit en cour martiale en 1970, il fut gracié par Nixon. Ce massacre de civils vietnamiens à May Lai par l’armée américaine aurait dû être jugé comme crime de guerre et crime contre l’humanité. Or il n’en est rien, car personne n’a entendu parler de ce massacre de May Lai et personne n’a réclamé justice devant un tribunal ou une cour internationale pour tous les crimes commis par les Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam. À ce jour, les Etats-Unis jouissent d’une totale et parfaite impunité.

 

Fin de la deuxième partie

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots-clés : Tribunal de Nuremberg, Hiroshima, Nagasaki, bombe atomique, torture, guerre d’Algérie, guerre du Vietnam.

Publié dans JUSTICE INTERNATIONALE

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