LA CRISE IDEOLOGIQUE DES PARTIS DE GAUCHE EN FRANCE(1)
LA CRISE IDÉOLOGIQUE DES PARTIS DE GAUCHE EN FRANCE(1)
La bataille pour le poste de premier secrétaire du parti socialiste se termine par la validation de l’élection de Martin Aubry mais ces querelles intestines dépassent largement le cadre des rivalités entre personnes pour révéler une crise profonde, la crise idéologique des partis de gauche, le parti communiste compris. Cette crise ne concerne pas seulement les partis de gauche en France mais elle frappe aussi tous les autres partis de gauche en Europe. Ainsi, bien avant la crise que traverse aujourd’hui le parti socialiste français, le SPD allemand était-il confronté dans les années 1990 à une crise semblable dont les acteurs étaient Oskar Lafontaine alors ministre des finances qui s’était opposé au chancelier Gerhard Schröder pour ses réformes libérales. Après avoir refusé de cautionner les orientations libérales de la politique économique du chancelier allemand Gerhard Schröder, Oskar Lafontaine décida alors de claquer la porte du SPD et du gouvernement pour s’allier aux communistes de l’ancienne RDA menés par Gysi. Aujourd’hui, Oskar Lafontaine et les communistes alliés à d’autres partis de gauche ont formé un nouveau parti, Die Linke. La crise au sein du parti travailliste anglais couve depuis de nombreuses années surtout après l’engagement de Tony Blair dans la guerre d’Irak à côté de son ami Georges W. Bush. En Italie, la coalition hétéroclite des partis de gauche conduite par Romano Prodi a volé en éclat au bout d’un peu plus d’un an de gouvernement. Quand on parle de crise des partis de gauche, cela signifie que c’est leur idéologie qui est en crise mais aussi la pratique politique qui en découle. Dans un premier temps, nous allons nous attacher à définir les traits saillants de cette idéologie Dans uns second temps, nous analyserons les racines de la crise idéologique des partis de gauche en France.
ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE L’IDÉOLOGIE DES PARTIS DE GAUCHE
S’il faut définir d’un mot l’idéologie des partis de gauche en France, on peut dire qu’elle est une idéologie petite-bourgeoisie. La fameuse « idéologie petite-bourgeoise », n’est pas une tierce idéologie qui vient s’interposer entre l’idéologie bourgeoise et celle du prolétariat mais elle est plutôt un sous-ensemble idéologique « petit-bourgeois » constitué d’éléments disparates empruntés et à l’idéologie dominante et à celle de la classe ouvrière. Si les petites bourgeoisies ou les classes moyennes n’ont pas une idéologie propre, c’est parce que ce sont des couches sociales qui ne doivent leur existence sociologique qu’au mouvement et à l’expansion du capital qui a besoin d’une armée de serviteurs, de surveillants et de techniciens spécialisés appelée à le suppléer dans la gestion et la direction des affaires. Car pour qu’une classe sociale existe en soi et pour soi, il faut qu’elle soit déterminée dans la lutte des classes, ce qui n’est pas le cas des petites bourgeoises ou les classes moyennes qui sont polarisées et happées tantôt par la bourgeoisie tantôt par le prolétariat.
L’idéologie petite bourgeoise comprend un certain nombre d’éléments qui se présentent très schématiquement de la façon suivante :
- L’idéologie petite-bourgeoise est par nature une idéologie conservatrice visant à préserver coûte que coûte le statu quo social et politique;
- l’idéologie petite-bourgeoise s’affirme comme anticapitaliste, hostile à la « grosse richesse » et aux « grosses fortunes » ;
- l’idéologie petite-bourgeoise professe les valeurs de l’individualisme, de l’égalitarisme électoral mais pas social, « l’égalité des chances », la « participation » et la « distribution » du pouvoir politique sans volonté de transformation radicale de celui-ci ;
- l’idéologie petite-bourgeoise croit au mythe de la « passerelle » par peur de la prolétarisation et par attirance vers la bourgeoisie,
- l’idéologie petite-bourgeoise est partisane de la méritocratie, de la promotion des « meilleurs » et des «plus capables » que révèle l’institution scolaire ;
- l’idéologie petite-bourgeoise croit à l’ascension sociale, à la mobilité entre les classes et à l’existence d’une élite au sein des sociétés,
- l’idéologie petite-bourgeoise affirme son attachement au fétichisme du pouvoir, en prônant la statolâtrie et la soumission à un Etat considéré comme neutre, placé au dessus des classes sociales et de leurs intérêts et garant de « l’intérêt général »,
- l’idéologie petite-bourgeoise croit en l’existence d’un « ordre républicain et démocratique » et prône un « socialisme bourgeois » ;
- l’idéologie petite-bourgeoise est partisane de la « justice sociale » et d’une politique de redistribution des revenus(salaires), grâce à l’intervention de l’Etat.
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Politiquement, l’idéologie petite-bourgeoise se caractérise par une instabilité chronique et un tiraillement mais s’orientant toujours dans le sens du vent et de l’air du temps tantôt à droite tantôt à gauche au gré des conjonctures et des aléas de la vie politique. Pour conquérir le pouvoir dans les années 1970-1980, le parti socialiste s’est allié aux communistes et ses dirigeants tenaient un discours anticapitaliste, aujourd’hui qu’il n’y a plus de communistes, les partis socialistes et sociaux démocrates leur lorgnement va plutôt vers les partis de droite et cherchent leurs alliances avec la droite et du centre(voir le SPD et CDU en Allemagne). C’est cette question d’alliance qui revient aujourd’hui au sein du parti socialiste français avec l’affrontement que l’on connaît entre partisans et adversaires d’une possible alliance avec le Modem de Bayrou. A cause des caractères éclectiques et amalgamés des éléments de l’idéologie petite-bourgeoise, la petite-bourgeoise peut être le support sociologique et la force sociale d’appoint aussi bien d’un « ordre démocratique et républicain » que les dictatures et les régimes fascistes. Rappelons que ce sont les petites bourgeoisies italiennes et allemandes qui ont porté au pouvoir Mussolini et le parti fasciste en Italie dans les années 1920 et Hitler et le parti nazi en Allemagne dans les années 1930. Par ailleurs, le rôle joué par les petites bourgeoisies et leur idéologie dans l’intégration des classes ouvrières dans le capitalisme se révèle déterminant. En général, quand l’idéologie dominante est en crise, c’est l’idéologie petite bourgeoise qui en pâtit à son tour. Du coup, les partis de gauche(y compris le parti communiste) se trouvent dépourvus de toute attache idéologique après l’abandon dans les années 1980 de toute référence au marxisme.
RACINES DE LA CRISE IDÉOLOGIQUE DES PARTIS DE GAUCHE EN FRANCE
L’idéologie dominante dans les Etats capitalistes depuis le début des années 1980 est le libéralisme(pour nous l’archéo-libéralisme) qui a affirmé haut et fort que la loi du marché était une loi aussi scientifique que la loi de l’inertie galiléenne et la loi de l’attraction universelle de Newton. Nous connaissons aujourd’hui la suite de l’histoire et surtout le résultat de cette prétendue loi scientifique qu’est la loi du marché : c’est la débâcle totale du système capitaliste et c’est cette faillite retentissante de la loi du marche qui est la cause de la crise actuelle de l’idéologie dominante. La crise idéologique des partis de gauche n’en est guère différente.
Une crise idéologique naît quand les croyances et les principes sont contredits et infirmés par les faits et les pratiques. Une crise idéologique comme une crise psychologique est le produit d’une déception et de frustrations accumulées induites par la violence et les contrariétés du réel et du vécu. L’ampleur d’une crise dépend du degré et de l’intensité de l’investissement psychologique et matériel dans un idéal et dans une cause. Si l’on prend les comportements électoraux des hommes de gauche, on trouve à l’origine une déception et une frustration profonde après des années et des décennies de croyances et d’investissement à fond dans l’idéal d’une société plus égalitaire et plus juste. Ce qui explique les caractères erratiques de l’électorat des partis de gauche socialistes et communistes. La déception est à l’homme de gauche ce que le cynisme est à l’homme de droite : sa tentation constante. Mais l’effet du péché n’est pas le même de part et d’autre. Cynique, l’homme de droite, guidé par l’appât du gain et la pérennité d’un ordre qu’il considère comme le sien, sait à l’avance exactement ce qu’il veut, pour qui il vote et il reste à droite alors que l’homme de gauche, déçu, se démobilise et devient conservateur : ancien militant, il se contente de voter ; jadis fidèle électeur, aujourd’hui il s’abstient en faisant le jeu des partis conservateurs. D’ailleurs, si les partis de gauche, socialiste et communistes avaient pu arracher à la bourgeoisie le congé payé et une augmentation de salaire, c’est parce qu’ils étaient animés d’un idéal et par une certaine prise de conscience de l’existence d’antagonismes sociaux irréductibles. C’est le marxisme qui fournissait aux partis de gauche et à la classe ouvrière l’arme idéologique capable mener une confrontation frontale avec l’idéologie de la bourgeoisie qui a pour seul objectif, comment légitimer l’exploitation de l’homme par l’homme. Mais le jour où les partis de gauche, socialiste et communiste, ont abandonné leur ancrage marxiste pour devenir soit-disant des partis « modernes » et des partis de « l’air du temps », c’est-à-dire des partis sans idéal et sans arme idéologique, condamnés à faire uniquement de la figuration sur la scène politique, ils ont signé leur arrêt de mort et ils ont été discrédités aux yeux de leur électorat traditionnel, la classe ouvrière. Ils n’ont pas vu que toute la stratégie de la bourgeoisie depuis le début du XXe siècle visait à déconnecter les partis de gauche de leur ancrage marxiste pour en faire des simples partis opportunistes qui se contentent de naviguer à vue sans projet et sans idéal. En reniant leur passé et leur héritage marxistes, les partis de gauche socialistes et communistes sont devenus la risée de la bourgeoisie et de ses idéologues ; ils ne font plus peur à personne, ni à la classe dominante et ni aux capitalistes. Cet abandon et ce rejet de toute référence au marxisme expliquent d’abord la décadence et la quasi disparition des partis communistes dans les pays capitalistes mais aussi la reconversion idéologique des partis socialistes et sociaux démocrates européens à la loi du marché et aux principes du libéralisme bourgeois.
Les racines de la crise idéologique des partis de gauche remontent au milieu des années 1970 et début 1980 avec l’accession des partis de gauche au pouvoir en Allemagne, au Portugal(Révolution des œillets), en France, en Espagne etc. En Allemagne de l’Ouest (avant la réunification), les lignes de clivages entre le SPD et le CDU se sont progressivement évanouis. Devenu chancelier fédéral, Helmut Schmidt(qui fête aujourd’hui ses 90 ans), appliquait la même politique économique que Giscard d’Estaing et Raymond Barre. Helmut Schmidt était le promoteur d’un nouveau genre de socialisme, un socialisme décaféiné fondé sur « l’économie sociale de marché » Autrement dit, du marché sans économie sociale. En abandonnant le marxisme et en opérant sa conversion à l’économie du marché, le SPD qui n’a plus rien à voir même avec le révisionnisme de Karl Kautsky a cessé d’impressionner le CDU et à représenter un contrepoids idéologique face à l’idéologie dominante. En France, à la même époque, en 1977, Michel Rocard était partisan comme Helmut Schmidt, d’un « socialisme de marché ».
La crise idéologique des partis de gauche qui est semblable à celle que connaît aujourd’hui l’idéologie dominante puise ses racines dans la conquête du pouvoir par l’Union de la gauche le soir du 10 mai 1981. Ce soir-là, la bourgeoisie et ses représentants dans les radio et la télévision paniquaient et commençaient à lancer des slogans « Soviets qui tiennent déjà la télé » les « chars russes sur les Champs-élysées et place de la Concorde », et « l’Internationale obligatoire dans les écoles ». La droite avait dramatisé à outrance la situation en prédisant qu’avec la Gauche au pouvoir, « c’est le Goulag en France ». Le lundi 11 mai le monde de la finance nationale et internationale et les opérateurs financiers français et étrangers jouaient à fond contre le franc et sur le marché des changes. Conséquence, la devise chute brutalement à son cours plancher au sein du Système monétaire européen(SME). La cotation des valeurs françaises est suspendue, car il n’y a plus aucun acheteur. En une journée, un milliard de francs partent passent la frontière. Les petits épargnants se ruent sur le napoléon et sur le lingot d’or qui a augmenté de 5000 francs par rapport à la clôture du 8 mai 1981. Les valeurs des entreprises nationalisables, Thomson, Dassault et Matra, ont perdu entre 50 et 60% de leur valeur boursière. Jacques Delors, le père de la nouvelle secrétaire du parti socialiste, Martin Aubry, avait suggéré une collaboration avec Raymond Barre pour stopper l’hémorragie. Michel Rocard a insisté auprès de Pierre Mauroy pour dévaluer le franc de 15% sans sortir du SME. Entretemps, « l’élite rose » se préparait à l’exercice du pouvoir et elle était déjà à pied d’œuvre pour préparer la transition entre « l’Ancien et le Nouveau régime ». Depuis le 10 mai, Jacques Attali était chargé de mettre en forme les « 110 propositions » de Mitterrand. C’est aussi prémonitoire le fait que les premiers hôtes étrangers de Mitterrand, étaient le chancelier allemand Helmut Schmidt de retour de Washington après une réunion avec Ronald Reagan sur la question du déploiement des missiles Persing en Europe face aux SS 20 russes et le roi malade d’Arabie Saoudite et le roi Khaled d’Arabie Saoudite venu à Paris pour s’informer sur les nouvelles orientations politiques du nouveau président et pour demander des assurances sur le maintien des capitaux arabes déposés en France évalués à trentaine de milliards de francs.
Passée la fête de la victoire, venons-en maintenant aux choses sérieuses. Le socialisme proclamé par le parti socialiste au Congrès d’Epinay en 1971 et réaffirmé dans le programme commun de l’Union de la Gauche voulait instaurer une plus grande justice sociale, un meilleur partage et une vraie redistribution des richesses. Pour rendre possible ce socialisme, il fallait procéder aux changements des structures en procédant au contrôle de l’appareil de production grâce à une politique économique de croissance et aux nationalisations. La première mesure sociale du gouvernement socialiste a été l’augmentation du SMIC horaire de 15,20 à 16,72 francs soit une hausse de 10% dont le tiers correspond à la hausse des prix. Les allocations familiales ont été relevées de 25% et l’allocation logement de 20%. Le minimum vielleuse passait de 1417 à 1700 francs. Ces mesures sociales ont donné 30 milliards de francs de pouvoir d’achat aux menages les moins aisés. Une première mesure (mesurette) de justice sociale était de faire payer les riches avec l’IGF(impôt sur les grandes fortunes ) acquitté par ceux qui détiennent un patrimoine de 3 millions de francs, c’est-à-dire 200 000 contribuables. Ce taux prévu entre 0,8 et 8%, Fabius l’avait abaissé au taux de 1,5%.
Les nationalisations étaient conçues comme un outil entre les mains de l’Etat pour mener une politique industrielle volontariste, cohérente et moderne. Le dossier des nationalisations était déjà ficelé au niveau gouvernemental dès le 23 septembre 1981 et le premier débat à l’Assemblée nationale qui eut lieu le 13 octobre 1981 était une véritable guerre idéologique au sein des socialistes. Il fallait se mettre d’accord sur les modalités des nationalisations. Le débat était vif et opposait entre les partisans de la nationalisation des entreprises à 100% et ceux à 51%. Ce sont finalement les partisans du 51% qui triomphèrent avec la nomination de Jacques Delors, ancien conseiller de Chaban-Delmas à l’époque où ce dernier était à Matignon, comme ministre de l’Economie et des Finances. En termes de propriété, les nationalisations font entrer dans le giron de l’Etat, 15% des effectifs, 30% du chiffre d’affaires et 95% du crédit. Avec les nationalisations industrielles, l’Etat contrôlait toute le production d’aluminium,, la moitié du verre, toute la chimie fine, une grande partie de la construction électrique, la moitié de l’informatique et une bonne partie des travaux publics, de la pharmacie et de la métallurgie. A tout cela s’ajoutaient les secteurs nationalisés en 1937 et en 1945. 17% du PNB relevait du secteur public contre 11% auparavant. Pour la gauche française, il s’agit de remédier aux « insuffisances du capitalisme français, archaïque et vieillissant ».
Mais le terme nationalisation s’avérait très ambigu. D’abord l’Etat s’était engagé à acheter les actions des sociétés déficitaires Usinor et Sacilor ainsi que les prêts de 14 milliards entre 1978 et 1981 accordés par le gouvernement Barre. Cette opération consiste à éponger les pertes des sociétés privées avec de l’argent des contribuables, c’est-à-dire nationaliser les pertes et privatiser les bénéfices. Un deuxième exemple qui montre l’ambiguïté de la nationalisation est la nationalisation de l’avionique Dassault. Pour se tirer d’affaire à moindre frais tout en restant propriétaire de sa société qui fabrique les Mirage, Serge Dassault proposa d’offrir à l’Etat 26% de ses actions de la société AMD-BA qui représentait 12 milliards de francs de chiffres d’affaires en plus du 26% qui s’ajoute aux 20% du capital de Dassault que l’Etat possède déjà. Le résultat de l’opération 26+2X20 =66% des voix mais en termes de propriété, Dassault reste le propriétaire puisque l’Etat ne dispose que de 46% des actions. Pour parvenir au 51%, l’Etat s’est engagé à acheter le 5% restant dans cinq ans.
LA POLITIQUE DE RIGUEUR
Après une première dévaluation le 4 octobre 1981, Jacques Delors avait proposé une politique de rigueur visant à lutter contre l’inflation et à améliorer la compétitivité de l’économie française. Pour cela, il avait engagé le gouvernement socialiste dans une nouvelle politique et économique résolument libérale en réduisant le train de vie de l’Etat dont la somme était estimée à 25 milliards, 10 milliards de dépenses en moins et 15 milliards gelés. Mitterrand et Fabius acceptèrent le gel de 15 milliards pour contenter les milieux économiques français et internationaux. Le 2 février 1982, une décision a été prise pour limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB. Ce tournant à droite décidé dès les premiers mois du gouvernement socialiste n’a pas échappé à l’Année politique 1981 qui écrit « la catastrophe que certains annonçaient avec l’arrivée de la gauche au pouvoir n’a pas eu lieu mais le redressement promis tarde à se manifester malgré une reprise plus modeste qu’on ne l’avait cru». De fait, la théorie qui veut que l’investissement d’aujourd’hui sera l’emploi de demain s’est révélée fausse, car l’investissement n’a pas suivi la relance de la consommation avec l’augmentation du pouvoir d’achat de 30 milliards de francs accordés aux ménages les moins aisés. A la recherche d’un second souffle, le gouvernement Mauroy a consenti au patronat représenté par le CNPF et présidé par Yvon Gattaz d’importantes concessions : allègement de la taxe professionnelle de 10% en 1982 et 1983, arrêt à 39 heures de la réduction de la durée hebdomadaire du travail et surtout plafonnement des charges sociales des entreprises pour un an. Pour Yvon Gatttaz, cette journée du 16 avril 1982 était une journée « historique », et elle a marqué un « tournant psychologique de la gauche à l’égard des entreprises » On connaît la suite de l’histoire. Sur le plan européen, les socialistes français se sont trouvés à la pointe de la construction de l’Europe libérale et leur passage au gouvernement a largement contribué au démeublement du service public pour respecter le fameux critère de 3% de déficit budgétaire. Le partisan de la politique de rigueur dans la France socialiste, Jacques Delors, est devenu président de la commission européenne. Jospin a été avec Chirac le co-signataire de la privatisation du secteur de l’énergie en France et la privatisation d’EDF et GDF. Deux autres socialistes français sont aujourd’hui à la tête de deux institutions qui participent au massacre et au pillage des ressources du tiers-monde, le FMI présidé par Strauss-Kahn et l’OMC dirigée par un ancien commissaire européen au commerce, Pascal Lamy.
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