POURQUOI LE MONDE CAPITALISTE EST-IL DEVEN SI FOLLEMENT OBAMANIAQUE?
POURQUOI LE MONDE CAPITALISTE EST-IL DEVENU SI FOLLEMENT OBAMANIAQUE ?
Depuis qu’il a annoncé sa candidature en janvier 2007 et obtenu l’investiture du parti démocrate, Barak Obama est devenu un phénomène planétaire. Jamais un candidat n’a suscité autant d’enthousiasme et de délires populaires et médiatiques. Lors de son passage en Allemagne, nous avons vu une foule de supporters en délire avec des gadgets et des effigies dédiés à la gloire de Barak Obama. Les associations et les comités de soutien à Barak se prolifèrent et se multiplient un peu partout dans le monde. Depuis des mois, nous sommes informés des moindres faits et gestes de Barak Obama. Les émissions des radios et des télévisions sont organisés matin, midi et soir pour nous faire comprendre les techniques très originales des élections présidentielles américaines. Jamais nous n’avons eu droit à des émissions en direct ou un tel tapage médiatique comme c’est le cas avec les élections présidentielles américaines. Les analystes, les commentateurs et les nombreux spécialistes des Etats-Unis livrent chacun ses pronostics et ses prévisions sur la politique intérieure et étrangère du nouveau président élu. Des élections, il y en a à intervalles réguliers dans tous les autres pays de la planète, pourtant, nous n’avons droit ni à des directs ni à des émissions spéciales. Dans le meilleur des cas, quelques lignes ou quelques secondes sont consacrés à telle élection ou telle autre. À l’évidence, les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas comme tous les autres États du monde, car ils ont mené jusqu’ici eux-mêmes le monde comme bon leur semble. Nous utilisons le passé pour signifier que l’impérialisme américain appartient au passé(american imperialism is over) non pas que les Etats-Unis n’existeront plus en tant qu’Etat ou sur la scène internationale mais que le système impérialiste dont ils ont été le centre s’est effondré plus précisément parce que le nerf du système a été sectionné en plusieurs morceaux. Maintenant, la question qui se pose n’est pas de savoir si les Etats-Unis et le système impérialiste vont se relever ou continuer à exister mais s’ils sont capables de survivre. La question n’est pas la continuité d’un système mondial mais la survie. Disons-le sans détour, Barak Obama a été choisi et soutenu financièrement et médiatiquement par le grand capital international et par les classes moyennes du monde entier non pas pour ses compétences et son expérience personnelle mais se seulement pour la couleur de sa peau. Dans la crise fatale du capitalisme, le métis Obama est une bonne affaire pour le grand capital et il pourrait rendre en ce moment crucial plus de services au système moribond qu’un président de couleur blanche. Ce choix n’est donc pas innocent et l’on a avec l’élection d’un métis à la présidence des Etats-Unis un exemple qui rappelle à bien des égards l’arrivée de Mussolini et Hitler au pouvoir en Italie et en Allemagne dans les années 20 et 30 du siècle dernier. Soyons clair et écartons tout de suite un malentendu, Barak Obama n’est ni Mussolini ni Hitler mais Barak Obama a été élu pour sauver le système capitaliste et le système impérialiste comme les régimes fascistes et nazis dans les années 1920 et 1930. ce sont les conditions objectives et psychologiques qui ont propulsé au pouvoir, Mussolini, Hitler et Obama à quelques nuances près: crise du système capitaliste, crise d’hégémonie, crise de l’idéologie dominante. Mussolini, Hitler et Obama sont liés par la conjoncture. Ce sont ces trois crises qui livrent au lecteur la clé de la réponse à la question : pourquoi le monde capitaliste est-il devenu si follement OBAMANIAQUE ?
ÉTAPES DE LA MISE EN PLACE DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN
Une nouvelle ère dans l’histoire de l’impérialisme s’ouvre au lendemain de la guerre civile en Grèce en 1944 quand la Grande-Bretagne était intervenue dans ce pays pour empêcher la prise du pouvoir par l’EAM, le Front de libération nationale contrôlé par les communistes grecs. Pour équiper l’armée et la police du premier ministre de l’époque Papandréou, les Britanniques déversèrent 760 millions de dollars de fournitures. Mais durant les derniers jours du mois de janvier 1947, il a fallu une tempête de neige pour mettre à genoux l’Angleterre, le siège d’un puissant empire ruiné financièrement au point de ne plus pouvoir entretenir une armée ou une marine. Dans la foulée, quelques grandes colonies anglaises furent libérées de la férule britannique(Inde, Birmanie, Palestine, place sous mandat de l’ONU, Afrique du sud, Guatemala, Argentine, Irak, Egypte). Le 24 février 1947, la Grande-Bretagne informa les Etats-Unis, qu’elle ne pouvait plus financer ses troupes en Grèce ni continuer à aider la Turquie. Le 12 mars 1947, Truman vint devant le Congrès pour annoncer la Doctrine Truman et pour demander une aide économique et militaire pour les deux pays, surtout pour la Grèce où la guerre faisait encore rage. Il saisit la même occasion pour lancer sa croisade idéologique contre les régimes communistes considérés comme des dictatures totalitaires. Après le retrait britannique de la Grèce, Truman confia à Clark Clifford la mission de dessiner une « politique anti-communiste globale. Telle fut la genèse de la Guerre froide. Pour empêcher la prise du pouvoir par les communistes en Europe occidentale et pour élaborer une « contre-offensive »(selon les termes de Rostow, contre l’Union soviétique en Europe de l’Est, les Américains avaient alors imaginé un plan d’aide aux Etats européens de l’Ouest. Conformément à la volonté d’un Congrès républicain, les Etats-Unis se montrèrent prêts à financer les projets européens de reconstruction et une réunion eut lieu à cet effet à Paris durant l’été 1947 pour mettre au point les détails de ce financement connu sous le nom de Plan Marshall. Les économies de l’Europe, de l’URSS et du Japon étant entièrement à reconstruire, le capital américain était là pour les aider à se relever.
Mais le plan Marshall n’avait pas seulement un objectif purement politique, lutter contre le communisme international mais aussi des arrières pensées économiques liées à la crise du capital américain atteint par la suraccumulation qui empêche les profits de correspondre aux besoins de valorisation du capital. L’exportation des capitaux était le seul moyen de lutter contre cette crise de suraccumulation. Bien que l’économie américaine fût en crise, les Etats-Unis possédaient un énorme potentiel industriel et financier puisqu’ils étaient en 1944 la seule puissance industrielle sortie renforcée de la Seconde Guerre mondiale. Les trois quarts du capital investi et les deux tiers de la capacité industrielle du monde étaient concentrés dans un seul pays, les Etats-Unis ; le reste se répartissait entre les 95% de la surface de la terre. Les Etats-Unis avaient acquis une puissance telle qu’ils pouvaient décider à eux seuls de la mort ou de la survie de l’humanité. En réalité, la Seconde Guerre mondiale était du pain béni pour l’économie américaine. L’Europe détruite était considérée comme des débouchés et des marchés potentiels pour une économie moribonde caractérisée par un taux d’accumulation extrêmement bas ne dépassant pas les 3 ou 3,5%. C’est justement parce que le marché intérieur était saturé et que le capital américain était atteint par la suraccumulation que l’exportation de capitaux offrait la possibilité de se valoriser en participant aux efforts de reconstruction des États européens dévastés par la guerre.
Mais le problème, c’était la pénurie de dollars, car les Etats dévastés par la guerre n’en avaient pas dans les coffres de leurs banques centrales. Pour remédier à cette pénurie, les Américains avaient alors imaginé une solution géniale : donner des dollars aux États européens pour acheter les marchandises made in USA. Cette idée s’est concrétisée dans le Plan Marshall(janvier 1948-juin 1952) qui sous la forme de dons(90% au total) et de prêts permit de transférer en Europe 12 milliards de dollars, ce qui a représenté par américain environ 2800 anciens francs de l’époque ou 400 francs dans les années 1970. la France a reçu du 1 avril 1948 au 31 décembre 1951, 2 milliards 576 millions de dollars(2ème position après l’Angleterre). Ceci a permis à L’Europe en quatre ans d’accroître sa production globale de biens et services de 25% et de dépasser ainsi de 15% le niveau d’avant-guerre ; en contrepartie cela a favorisé les exportations des Etats-Unis vers l’Europe, en leur permettant de reconvertir leur économie de guerre sans chômage excessif.
Les destructions de la guerre avaient provoqué un extraordinaire déséquilibre dans la structure de la puissance industrielle du monde. Le premier signe de ce déséquilibre est la mise en place d’un nouveau système monétaire internationale lors de la Conférence Monétaire qui eut lieu à Bretton-Woods(USA) le 27 juillet 1944 et au terme de laquelle fut décidée la mise en place d’un étalon devise-or(ou Gold Exchange Standard). Les Accords de Bretton Woods prévoyaient le règlement des dettes entre nations en or, soit dans une monnaie nationale considérée comme équivalente à l’or parce que reposant sur un important stock d’or dans le pays qui l’émet et donc convertible en or par les Banques Centrales des pays qui la détiennent. Ce système qui a déjà fonctionné de 1922 à 1930 a l’avantage d’économiser l’or et d’alimenter les divers pays en « devise-or » c’est-à-dire en monnaie d’un pays économiquement puissant. Par contre, le système soumet l’économie mondiale à l’influence des pays à devise-or(effet de domination) et favorise à la fois le déficit de la Balance des Paiements du pays à devise-or et l’inflation chez lui et dans les autres pays(effet d’inflation importée). En 1944, les Etats-Unis détenaient les ¾ des réserves mondiales(20 000 tonnes) d’or, URSS et Chine exclues, soit 21 milliards de dollars. Ces réserves font du dollar presque équivalent de l’or d’autant que le trésor américain acceptait depuis 1954 de convertir en or les dollars détenus par les Banques Centrales des divers pays ceci au prix de 35 dollars l’once d’or. L’adage dollar is as good as gold.(le dollar vaut de l’or)est l’expression même de la puissance américaine. Car le dollar était la seule monnaie qui pouvait donner accès aux équipements indispensables à la reconstruction. Aucune monnaie n’est convertible en dollars et les ¾ du stock d’or mondial(URSS et Chine exclues) est aux Etats-Unis. Le monde avait besoin des exportations américaines de matières premières, d’équipements, de biens de consommation, tandis que les Etats-Unis n’importaient que quelques matières premières(moins de 4% de leur Produit national).
CRISE D’HÉGÉMONIE ET CRISE DE L’IDÉOLOGIE DOMINANTE
Jusqu’en 1958, le système a fonctionné puisque les Etats-Unis possédaient un stock d’or d’environ 18 milliards de dollars et la masse des dollars détenus dans les banques centrales des divers pays était estimée à 15 milliards. Le système était donc viable et tout le monde avait confiance dans le dollar-or. Les Accords de Bretton-woods consacrent la suprématie américaine dans le monde capitaliste et dans la chaîne de l’impérialisme. Mais à partir de 1958, la situation va changer avec l’apparition des déficits cumulés des balances des paiements des Etats-Unis et de l’Angleterre. Le 15 août 1971, face à une économie américaine en pleine crise due au ralentissement de l’activité économique, chômage, inflation, déficit persistant de la Balance des Paiements, Nixon annonce la suspension de la convertibilité en or et en dollar. Les Accords à Kinston, capitale de la Jamaïque les 7et 8 janvier 1976 qui mirent fin au système de Bretton Woods né vingt deux ans auparavant permirent aux Etats-Unis de financer sa politique étrangère et de maintenir sa place de leader et l’unité au sein du système impérialiste. Le remplacement du Gold exchange Standard par les changes flottants après les Accords de la Jamaïque a permis aux Etats-Unis de financer autrement ses expéditions militaires et ses guerres impérialistes sur l’ensemble de la planète. Mais le revers de la médaille d’une politique de financement du déficit public par les manipulations monétaires et de politique de crédit gonfle artificiellement les profits et la prospérité s’accompagne d’une inflation rampante.
Dès les années soixante, les capitaux ont de plus en plus de mal à engendrer une masse de profit suffisante pour garantir leur expansion et leur rentabilité. L’élévation des salaires, plus régulière et l’amélioration de la production sociale ont modifié la répartition de la valeur ajoutée en faveur des salariés et au détriment des profits. La diminution de la durée du travail accompagné de l’absentéisme et de la baisse de la productivité ont entraîné un rendement moindre des capitaux investis. Prenant prétexte de la crise pétrolière de 1973, le capital reprend l’offensive sur deux niveaux : d’une part en substituant les machines aux hommes pour augmenter et la productivité et la rentabilité du capital investi et d’autre part mener une offensive idéologique visant à réhabiliter les profits et l’hégémonie du capital sur le travail. À l’intérieur des métropoles impérialistes, le capital a réussi à inverser le rapport profit/salaire en sa faveur grâce au triomphe de son idéologie, l’archéo-libéralisme qui a inspiré tous les gouvernements capitalistes qui ont mis en place toutes les mesures nécessaires pour aider le capital à retrouver sa rentabilité et ses profits. Donc pari gagné.
Le triomphe de la révolution conservatrice a été rendu possible grâce à une propagande visant à faire accepter la loi du marché et la loi du profit comme des lois naturelles et à la dislocation du bloc communiste européen et l’élimination du sol européen de tout ce qui s’apparente de près ou de loin au communisme et au marxisme. De1991 jusqu’à la crise financière actuelle, les quelques États capitalistes menés par les Etats-unis sont le seul maître de la planète. Pour couvrir leurs guerres impérialistes, ils ont mis en service commandé l’ONU, ses institutions et ses mécanismes juridiques. Pour éliminer le dernier bastion communiste en Europe, ils ont procédé au démantèlement de la fédération yougoslave en éveillant le nationalisme et la religion comme instrument de division entre ses différentes composantes ethniques et religieuses. Un petit rappel aux obamaniaques d’aujourd’hui, c’est le démocrate Clinton qui avait ordonné le bombardement de la Yougoslavie. Pour abattre le régime de Saddam Hussein, ils ont provoqué la première guerre du Golfe en vue d’abattre le régime irakien. Avant l’invasion de ce pays en 2003, ce sont Clinton et Blair qui bombardaient régulièrement le territoire irakien. Les événements du 11 septembre 2001 ont fourni l’occasion aux États capitalistes d’envahir l’Afghanistan en 2001 pour chasser les Talibans du pouvoir à Kaboul qui avaient été armés quelques années auparavant par les Américains pour combattre l’armée soviétique. En 2003, l’Irak est envahi et occupé et le nombre des victimes de cette invasion se chiffre par millions de morts. Sans parler de toutes les guerres et les conflits régionaux qui sont provoqués régulièrement en sous-main par les États capitalistes soit pour écouler leurs armes soit pour déstabiliser des régimes qui n’ont plus l’odeur de sainteté et pour les remplacer par leurs pions qui obéissent à l’œil et au doigt.
Mais les guerres impérialistes coûtent cher et de plus en cher surtout quand elles se prolongent et perdurent. Il faut de l’argent, beaucoup d’argent, car il est le nerf des guerres. Quand George W Bush lance son armée sur l’Irak, il pensait faire une bonne affaire en se remboursant les coûts de la guerre en mettant la main sur le pétrole irakien, mais la résistance sur le terrain a déjoué ses prévisions et aujourd’hui, plus de cinq ans après l’invasion, les Etats-Unis ont dépensé plus de 700 milliards de dollars sans retour sur investissement. Il en est de même de la guerre d’Afghanistan qui dure depuis sept ans avec un fiasco total ; les troupes étrangères contrôlant quelques kilomètres carrés autour de la capitale Kaboul et le reste du pays se trouve entre les mains des Talibans et des chefs locaux. Finalement ce sont les résistances opposées au Moyen-Orient par la résistance irakienne, par les Palestiniens et le Hezbollah libanais et en Afghanistan qui ont mis en échec toutes les visées impérialistes dans cette région du monde convoitée pour son pétrole et ses ressources naturelles. Outre ses mouvements de résistance, l’impérialisme américain s’est heurté à l’hostilité croissante de certains États comme l’Iran, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua, l’équateur etc. À part la Colombie et le Mexique, l’influence politique et stratégique des Etats-Unis est en perte de vitesse en Amérique latine considérée comme leur arrière-cour. Mais c’est l’offensive russe contre l’allié des Occidentaux, la Géorgie et l’impuissance des Etats-Unis et de leurs alliés à s’y opposer comme par le passé qui ont joué un rôle de révélateur de changements en profondeur dans les rapports de changements en profondeur dans les relations entre le monde capitaliste et le reste du monde. Ce coup d’arrêt donné à l’expansion des États impérialistes dans cette région hautement stratégique du Caucase et d’Asie centrale finit par persuader le capital international que désormais il n’a plus beaucoup de marge de manœuvre pour se valoriser et s’accumuler. La guerre russo-géorgienne a une portée psychologique considérable (il ne faut pas oublier que les affaires et les investissements sont avant tout une de psychologie), car cette région du monde de la mer Caspienne et d’Asie Centrale, riche en ressources naturelles et en hydrocarbures qui restait inexploitée et qui représentait pour les capitalistes du monde entier le seul et dernier territoire convoité par les capitaux américains et européens. La crise boursière et financière est certes due en partie à la faillite du système bancaire américain mais l’inertie américaine et occidentale lors de la guerre géorgienne a démoralisé le monde des affaires et des investisseurs. La faillite d’une institution plus que centenaire telle que Lehmann Brothers et la nationalisation de Fannie et de Freddie(voir notre article sur le blog) sonnent le glas non seulement du capitalisme américain mais aussi son idéologie d’accompagnement, l’archéo-libéralisme. Mais la crise qui a frappé les Etats-Unis n’a pas que des conséquences politiques et économiques et elle ne touche pas seulement un seul État ou un groupe d’États, l’Europe ou le Japon. C’est la crise du capitalisme mondial, une crise d’hégémonie au sein du système impérialiste et une crise idéologique, celle de la classe dominante. La crise d’hégémonie s’exprime par la remise en cause de la suprématie américaine doublée d’une crise idéologique, la faillite de l’idéologie dominante depuis les années 1970, l’archéo-libéralisme(pour plus d’explications, voir notre article sur le blog, comment l’archéo-libéralisme a-t-il précipité la chute du capitalisme ?).
LE RACIALISME AU SECOURS DE L’IMPÉRIALISME ET ANTIDOTE A LA LUTTE DES CLASSES
Il est vrai que c’est le peuple américain qui a élu Barak Obama, mais le peuple a toujours été complice aussi bien des dictatures que des dictateurs. Ce n’est pas parce que le peuple vote que l’on vit dans une démocratie. La démocratie est un leurre dans un système où ce sont les détenteurs des capitaux qui ont le dernier mot. Mussolini et Hitler ne sont pas tombés du ciel, ils avaient été portés au pouvoir par des électeurs italiens et allemands. Barak Obama non plus et il y a à fort parier si le système capitaliste et le système impérialiste n’étaient pas confrontés à cette triple crise économique, d’hégémonie et d’idéologie, on aura jamais entendu parler de Barak Obama. Le lecteur sera étonné de cette comparaison entre l’élection d’Obama et celle de Mussolini et d’Hitler. Pour peu que l’on examine les conditions économiques, politiques et idéologiques de l’accession de Mussolini et d’Hitler au pouvoir en Italie et en Allemagne dans les années 1920 et 1930 et l’élection aujourd’hui en 2008 d’un noir à la présidence américaine, les points de convergence et de comparaison sautent aussitôt aux yeux. Comme lors du procès de la fascisation, l’élection de Obama correspond à une offensive du grand capital mondial qui veut absolument sauver un système capitaliste en crise profonde et neutraliser les contradictions et les luttes des classes qui en découlent. Si l’on compare les bailleurs de fonds d’Hitler et de Mussolini et ceux d’Obama, ce sont les mêmes. Le fascisme et le nazisme, en Italie et en Allemagne, ont été surtout financés et appuyés par les magnats de la finance, des industriels(surtout l’industrie lourde et la métallurgie) et des grands propriétaires fonciers(les Krupp, les Thyssen, les Börsig, les Kirdorf en Allemagne, la Bnaca commerciale, la confédération de l’industrie et la Confédération de l’Agriculture en Italie). Barak Obama a récolté pour sa campagne électorale la somme de 680 millions de dollars contre 150 millions pour McCain. Qui sont ces généreux donateurs de la campagne d’Obama ? Ce ne sont pas les pauvres et les SDF de Chicago qui ont donné mais c’est le grand capital et une partie des classes moyennes. Pensez-vous que le grand capital donnerait gratuitement de l’argent surtout à un noir américain s’il n’avait pas bien calculé son coup et s’il n’avait pas des arrières pensées politiques ? Les troupes qui ont porté le fascisme et le nazisme au pouvoir, ce sont celles de Barak Obama, les classes moyennes urbaines menacées par la paupérisation et la prolétarisation et qui misent sur son joker pour les sauver de cette descente en enfer. Les électeurs qui avaient élu Hitler et Mussolini pensaient trouver « l’homme providentiel » et il en est de même des électeurs d’Obama qui croient avoir trouvé leur « homme providentiel ». La propagande émotive et suggestive qui a vendu Hitler et Mussolini aux foules est la même que celle d’Obama qui a fabriqué pour les couches populaires un ersatz de religion et le vieil opium leur enseignant le stoïcisme, la patience et le courage. Les discours d’Hitler et de Mussolini sont truffés de références à la religion, lisons ou écoutons les discours d’Obama et nous trouverons le même appel à l’obéissance et à l’ascétisme. La même démagogie anime Hitler, Mussolini et Hitler, car ils promettent tous les trois de servir le peuple alors qu’ils travaillent avec acharnement à sauver un système capitaliste en crise qui a érige l’exploitation de l’homme par l’homme en loi naturelle. Une dernière comparaison vient du fait que Mussolini, Hitler et Obama étaient des hommes obscurs avant d’être propulsés par le Grand capital et les classes moyennes au pouvoir. En réalité, ce sont la crise, économique, politique et idéologique et la conjoncture qui ont été le facteur déterminant pour leur promotion sociale et politique. Le parti national-socialiste qui pendant dix ans n’avait été rien d’autre qu’une petite bande d’excités et qu’une petite minorité radicale de droite, se développa soudain en un parti de masse et en mouvement national de rassemblement populaire qui, en l’espace de trois ans, engloutit 75% des anciens électeurs des partis politiques traditionnels de droite, de centre et de la social-démocratie et put, en juillet 1932, réunir sur son nom 37,4% des suffrages. Un an et demi avant les élections présidentielles Barak Obama était un parfait inconnu du grand public américain. Puis soudainement, il a été propulsé sur la scène médiatique après une première crise du surprime en août 2007 et surtout après l’effondrement du système financier américain et la faillite des grandes banques américaines. Au risque de heurter le sens commun, Hitler a utilisé le racialisme pour annexer de territoires habités par des minorités allemandes et pour fonder ce qu’il appelait le Grossdeutsche Reich comprenant l’Allemagne, l’Autriche et les Allemands du Pays des Sudèles (Tchécoslovaquie), Memel land (Lituanie), Suwalki, Ciechanow, Dantzig, Pomorze, Poznan, Silésie (Pologne) ; Eupen, Malmedie, Moresnet(Belgique). Barak Obama utilise aussi le même argument du racialisme pour se faire élire président des Etats-Unis d’Amérique avec le même objectif d’Hitler, restaurer la suprématie américaine pour rejouer le même rôle que celui d’après la Seconde Guerre mondiale. Hitler voulait essayer les conditions humiliantes du traité de Versailles de 1919 et Barak Obama veut aujourd’hui redonner à l’Amérique la force pour réanimer un système impérialiste moribond et agonisant. Le cadre de cet article ne nous permet pas de multiplier les points de convergence entre l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et l’Amérique de Barak Obama. Selon nous, les conditions d’accession au pouvoir d’Adolphe Hitler, de Benito Mussolini et de Barak Obama sont exactement les mêmes puisqu’elles correspondent à une triple crise économique, d’hégémonie et une crise idéologique de la classe dominante. Il en est de même des velléités impérialistes de l’Allemagne d’Hitler, d’Italie de Mussolini et de l’Amérique de Barak Obama qui sont toujours les mêmes malgré les quatre-vingts ans qui séparent les acteurs en présence.
Prenons maintenant le problème d’Obama sous un autre angle et sous un aspect un peu différent. Suivons à la lettre le slogan électoral d’Obama, nous pouvons changer, We can change. Mais changer quoi ? Nous avons eu en France en 1981 l’expérience d’un premier président socialiste à accéder à la Présidence de la République Française. Comme les Américains qui ont dansé et sablé le champagne pour fêter la victoire du premier président noir élu, nous avons-nous aussi dansé toute la nuit à la place de la Bastille pour fêter la victoire de François Mitterand, celui-là qui quelques jours auparavant, hranguait les foules en leur promettant une rupture avec le capitalisme. En réalité, le régime socialiste en France à duré du 10 mai au soir au 11 mai le temps que l’alcool de la veille perde ses effets. Puis c’est le retour dans le bercail du grand capital qui s’est affolé pour rien le soir du 10 mai et la soumission à la loi du profit et à la météo de la bourse qui avaient repris leur droit et leur cours normal. En quoi Barak Obama sera-t-il différent de tous ceux qui voulaient changer l’ordre des choses dans le capitalisme. Issu et soutenu par le aprti démocrate, quelle différence y-a-t-il entre le parti démocrate et le aprti républicain ? aucune, puisque, pour reprendre l’expression de Julius Neyrere, ce sont les deux partis uniques qui sont d’accord pour préserver les structures d’un système. La diféfrence qui les sépare, ce sont les moyens de le renforcer. Pour donner un vrai contenu au mot changement dans un système capitaliste, il faut d’abord décréter l’abolition de la propriété privée pour empêcher l’extorsion de la plus-value par les capitalistes et les détenteurs des moyens de production. Obama sera-t-il capable de franchir le pas ? Bien entendu, c’est une question que l’on se pose, car, si par malheur pour lui, il commettait l’imprudence de s’approcher trop du nerf de l’exploitation capitaliste qu’est la propriété privée, son sort serait scellé dans les 24 heures chrono et il ne serait pas différent de celui de Salvador Allende au Chili le matin du 11 septembre 1973.
Mais, Obama ne franchira ce pas, car malgré la couleur de sa peau, il a été fortement acculturé et il a été bien nourri aux mamelles des institutions académiques bourgeoises. Il serait étonnant que cet homme de couleur puisse sortir du rang et cracher dans la soupe. Ce n’est pas la couleur de la peau qui changerait quoi que ce soit à l’ordre capitaliste existant, car si la couleur de la peau pouvait changer quelque chose, nous n’aurions jamais vu des millions d’africains mourir de faim en Afrique et des millions de blancs vivre dans la misère dans les Etats capitalistes habités majoritairement par des blancs. La question des races, des couleurs, des nationalités, des nations et des couleurs, ce sont des histoires et des fables qui ont été inventée de toutes pièces par les idéologues de la bourgeoisie pour neutraliser les luttes des classes dans les sociétés capitalistes. En opposant les races, les ethnies et les hommes de couleur aux blancs les uns autres, les capitalistes peuvent dormir tranquillement, car les classes dominées s’épuisent pendant ce temps dans des combats d’arrière-garde sans savoir où se trouve leur vrai ennemi, la classe exploiteuse. Il faut bien dire que le capital possède assez de ressources et il est assez astucieux et assez malin pour inventer de stratagèmes susceptibles de neutraliser les contradictions sociales et déjouer les luttes des classes. Le capital sait par expérience plus que séculaire comment il faut agir et à quel moment il faut agir, quand il faut prendre l’offensive et quand il faut un repli tactique pour mieux rebondir. Il sait aussi comment placer ses valets et ses serviteurs aux postes de commande. Prenons l’exemple de la colonisation blanche en Afrique. Quand les colonisateurs européens ont vu arriver le vent du changement et des révoltes, ils ont abandonné à temps les commandes du navire à des autochtones ayant la même couleur de peau que leurs semblables. Des noirs ont certes récupéré les fauteuils des anciens colonisateurs blancs, mais les choses n’ont guère changé puisque le vrai commandant de bord demeure le capital qui a seulement déménagé son siège social d’Abidjan, de Dakar, de Lagos, de Douala à Paris, Londres, Bruxelles. Quand l’Apartheid en Afrique du Sud commençait à sentir mauvais, les capitalistes se sont précipités pour extraire Mandela de sa cellule pour en faire un beau gadget médiatique et un marketing politique pour donner une image moins cruelle du système capitaliste. Ils ont remplacé le blanc Peter Botta par le noir Nelson Mandela à la tête de l’Afrique du Sud, mais qu’a-t-il apporté Mandela au peuple noir sud africain ? Mandela a pris le fauteuil de Peter Botta, mais qu’a-t-il fait le noir Mnadela de plus que son prédécesseur pour améliorer la vie quotidienne des millions de sud africains qui continuent à vivre les bidonvilles de Johannesburg et à subir quotidiennement le chômage, la misère, l’exploitation et la pauvreté dans le premier pays producteur de diamants et d’or du monde ? On peut se demander si l’internationale capitaliste n’a pas agi de la même façon en misant sur la couleur de peau de Barak Obama.
Ceux qui ont soutenu la candidature de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis ont fait un calcul sommaire. La crise fatale que vit actuellement le monde capitaliste va produire de plus en plus de chômeurs et de plus en plus d’exclus qui viendront gonfler une armée de réserve déjà en expansion exponentielle. Au fur et à mesure de l’aggravation de la crise, les contradictions sociales vont de plus en plus s’exacerber et elles vont inexorablement trouver leur solution d’une manière ou d’une autre dans une intense et implacable lutte des classes. Les noirs américains formeront le cœur de cette révolte sociale du fait de leur nombre et de leur position sociale et économique subalternisée. En mettant un noir à la tête des Etats-Unis, les capitalistes espèrent retarder l’échéance fatale en créant un phénomène d’identification les victimes du capitalisme et leur chef qui a la même couleur de peau qu’elles et qui de ce fait neutraliserait les contradictions sociales et retarderait leur solution par d’intenses luttes des classes. En installant Hitler et Mussolini au pouvoir en Allemagne et en Italie dans les années 1920 et 1930, le grand capital voulait neutraliser les contradictions sociales engendrées par la crise du capitalisme et celle de l’idéologie dominante. Finalement, c’est la Seconde guerre mondiale qui a résolu les contradictions. En faisant élire un afro-américain à la présidence des Etats-Unis en la personne de Barak Obama, l’internationale capitaliste espèrerait ainsi une fois encore neutraliser les contradictions sociales aux Etats-Unis en empêchant que l’incendie ne s’étende à d’autres États capitalistes comme ce fut le cas au XIXe lors du Printemps des peuples avec les révolutions populaires en Europe en 1848. Cela explique pourquoi le monde capitaliste est devenu si follement OBAMANIAQUE.
FAOUZI ELMIR
Mots-clés, Obama, monde capitaliste, élection, Etats-Unis, crise, économie.