CE N'EST PAS UNE CRISE, C'EST LA FIN DE L'EMPIRE DU CAPITAL

Publié le par ELMIR

CE N’EST PAS UNE CRISE, C’EST LA FIN DE L’EMPIRE DU CAPITAL

 

Depuis l’éclatement de la crise boursière et les faillites des grandes banques américaines, on ne compte plus le nombre de réunions des dirigeants des États capitalistes, des monarchies pétrolières et des pays producteurs du pétrole pour trouver une solution à la crise financière et boursière et pour éviter selon les économistes une récession. On ne compte plus le nombre de plans annoncés à coup de milliards d’euros et de dollars pour contenir les convulsions d’une crise qui s’annonce décisive voire fatale. Quand on entend les déclarations officielles, elles cherchent comme toujours à déplacer les vrais problèmes pour éviter de les aborder d’une façon frontale et pour ne parler des choses qui fâchent. Mais comme nous avons dit à plusieurs reprises, le capitalisme est à bout de souffle et vit ses derniers jours et la crise actuelle n’est pas une crise de plus, une de ces crises cycliques et chroniques qui ont émaillé l’histoire du capitalisme, mais elle est la dernière et elle est annonciatrice de la destruction d’un système dont les structures ont émergé il y a cinq siècles. L’affirmation selon laquelle la crise actuelle est une crise fatale n’est nullement gratuite, car elle s’appuie sur des éléments objectifs et sur la logique du fonctionnement et du développement du système capitaliste notamment depuis les années 1970.

 

Nous allons présenter procéder à une démonstration quasi mathématique pour déduire la conclusion que la crise actuelle du capitalisme n’est pas une crise comme les autres, qu’elle est la dernière et qu’elle annonce la fin du mode de production capitaliste. Soyons un peu pédagogiques et reprenons les choses selon l’ordre où elles se présentent. Le mode de production capitaliste est un mode historique de production et de consommation des biens matériels et il est composé des forces productives et des rapports de production. La contradiction entre les forces productives et les rapports de production détermine l’origine de la transformation et du développement du mode de production capitaliste. Le mode de production conditionne l’aspect d’une société et en fin de compte tout son système fondamental, ses lois, sa composition de classe, sa politique, sa morale. Les forces productives se composent essentiellement des outils de travail productifs ( des instruments de production) et des travailleurs qui produisent les biens matériels et immatériels. Les rapports sociaux qu’entretiennent les hommes entre eux dans la production constituent les rapports sociaux de production. L’état des rapports de propriété des moyens de production. La forme du système de propriété sur les moyens de production est le fondement des rapports de production. Chaque forme de propriété détermine la position qu’occupent les hommes au sein de la production et les rapports qu’ils entretiennent entre eux ; l’ensemble détermine la forme de répartition  des marchandises et des richesses entre les hommes. Les rapports de production comprennent d’abord la forme du système de propriété sur les moyens de production et ensuite, la place qu’occupent les différents groupes sociaux dans la production et leurs rapports et enfin la répartition des produits déterminés par les deux aspects précédents. Certes, ces trois éléments influent les uns sur les autres mais l’élément déterminant demeure la forme du système de propriété des moyens de production, car il détermine la nature même des rapports de production.

 

Avec le développement de la propriété privée des moyens de production, la société s’est divisée en deux classes antagonistes : la classe possédante, la bourgeoisie ou la classe des capitalistes et la classe dominée, celle où elle n’a que sa force de travail à vendre moyennant un salaire lui permettant tout juste de se reproduire biologiquement pour qu’elle soit contrainte de revenir au lieu de travail tous les jours et durant toute sa vie. Autrement dit, ces deux classes occupent dans la structure de l’économie deux places fondamentalement différentes et antagonistes : une place de classe dominant et d‘exploiteur et une place de dominé et d’exploité. La cause en est, nous l’avons dit, est un rapport différent vis-à-vis des moyens de production.

 

Mais les classes ne sont pas seulement une catégorie économique mais elles sont aussi une catégorie sociale beaucoup plus vaste ; leur opposition et contradiction se manifestent dans la vie politique et intellectuelle. Comme les classes, l’État est une catégorie historique il est née avec les classes et disparaîtra avec elles. L’État n’a pas existé de tout temps, il est né en même temps que les classes. L’État n’est pas un organe fait pour les hommes vivant sur un territoire, c’est l’organe de la classe au pouvoir qui permet à celle-ci d’organiser sa domination politique, idéologique, intellectuelle, spirituelle et morale sur toute la société. La machine d’État est destinée à domestiquer les classes exploitées et à contenir la lutte des classes dans les limites d’un certain « ordre » et à maintenir la domination des classes exploiteuses. Telle est la fonction première et la tâche principale de l’Etat. Si l’État utilise la violence physique et symbolique pour à défendre les intérêts de la bourgeoisie à l’intérieur de ses frontières, il est aussi le seul organe habilité à déclencher des guerres drapées jadis sous l’étoffe du nationalisme et du porteur de la civilisation occidentale aux peuples conquis et colonisés. L’impérialisme qui est le fait des États capitalistes a permis l’expansion du capital autochtone au moment de ses crises et de ses convulsions.

Ces explications préliminaires sont nécessaires pour fixer les idées. Les keynésiens ne ratent jamais une seule occasion pour pavoiser en attribuant la solution de la crise de 1929 à leur champion, John Myenard Keynes et la « révolution keynésienne ». la théorie de Keynes est aussi fade et statique que celle des néo-classiques qui repose sur un mécanisme d’équilibre imaginaire. Le postulat de départ des keynésiens comme celui des économistes classiques ou néo-classiques est que les crises qui frappent le mode de production capitaliste à intervalles réguliers ont pour origine des facteurs exogènes apportés de l’extérieur dans le système et non pas comme quelque chose d’immanent au système. Ils (ces économistes) ont pensé pensent toujours qu’il suffirait d’introduire quelques correctifs pour rétablir les mécanismes d’équilibre automatiques. Ce sont ces faux postulats qui donnent des faux espoirs aux classes dominantes des États capitalistes de sauver leur navire à la dérive. Evidemment leur bâton de maréchal, c’est l’État et ses interventions pour influer sur les cours des choses et rétablir après coup l’équilibre qui prévalait avant la crise. Ils multiplient donc les réunions et les initiatives pour aider des faillites en faillites ou pour comme ils disent faire renaître la confiance entre les banquiers, les entreprises et les particuliers et remettre de l’ordre dans le système financier dans l’espoir de faire redémarrer la machine. C’est trop beau tout cet échafaudage, mais côté efficacité sur le terrain, c’est nul. Car, si l’on observe ce que font les dirigeants des États capitalistes, on peut dire sans se tromper qu’ils sont à côté de la plaque. D’abord, ils injectent des milliards et des milliards dans le système financier alors que le problème n’est le manque d’argent mais plutôt sa mise en valeur et sa fructification. Mais pour reprendre le schéma de Marx, c’est l’impossibilité de réaliser le cycle Argent-Marchandise-Argent(A-M-A). Depuis le déclenchement de la crise, on a jamais parlé de gros sous et de milliards mais la crise actuelle est une crise d’accumulation du capital.

 

Dans le passé, quand le capital ne parvenait à franchir cette étape décisive A-M-A, de la phase du capital à l’accumulation, l’État venait à son secours pour lui donner un « coup de main » destiné à l’aider à relever le taux de profit. l’intervention de l’Etat avait pour but d’aider la reproduction du capital et non pas comme pensent les néo-classiques et les keynésiens pour rétablir l’équilibre. Il ne s’agit pas pour l’État d’assurer l’équilibre de l’offre et de la demande, de la production et de la consommation, mais de produire des profits et d’assurer la valorisation du capital existant et son accumulation. Car un capital donné sous forme d’argent doit pour satisfaire aux conditions de la production capitaliste, se transformer en quantité supérieure de capital à travers le cycle de la reproduction A-M-A. Dans le mode de production capitaliste, toute production qui ne fournit aucune plus-value est de la production sans accumulation et se trouve en contradiction du mouvement du capital. une production qui n’est pas faite en vue de la création de la plus-value se heurte à des obstacles insurmontables. Le capital doit s’accumuler, c’est-à-dire ajouter une partie de la plus-value produite à la quantité de capital déjà pour obtenir un capital additionnel. Depuis toujours l’État a pris en charge une partie de la production sociale, celle qui assure les équipements et les infrastructures, industrie de l’armement indispensables à la circulation des marchandises et des hommes et à la réalisation du cycle de l’accumulation du capital. L’État participe au même titre que le capital privé au cycle de la reproduction et de l’accumulation du capital. Toute une partie de la production sociale est par conséquent assumée par l’Etat. Mais c’est le capital privé qui est assuré la majeure partie de la production sociale et en détermine les caractères et le développement. La production sociale reste déterminée par l’accumulation du capital global, c’est-à-dire par le capital privé et elle n’a rien à voir avec la lutte contre les crises au moyen de l’augmentation des dépenses publiques qui est un phénomène secondaire qui a toujours été intrinsèquement lié au développement du mode de production capitaliste. Il est faux de considérer que l’intervention de l’État dans l’économie date de Keynes et ce sont les recettes keynésiennes qui ont permis de surmonter la crise de 1929. de toutes façons, la politique de Keynes correspondait à une situation passagère et c’est pourquoi dans la crise actuelle, on n’évoque pas la solution keynésienne comme remède et comme solution. Les solutions apportées par les États capitalistes vont à l’encontre des recettes keynésiennes puisque les milliards dépensés, débloqués et promis vont aux banques et au secteur financier et non aux menages en vue d’une éventuelle relance de la demande qui relancer à son tour l’investissement et en dernier lieu l’emploi. 

 

Avant le triomphe de l’archéo-libéralisme à la fin des années 1970 et la mise en place des politiques de dérégulation dans les États capitalistes, aux Etats-Unis et en Europe, l’État s’est vu dépouillé de cette fonction de régulation qui était la sienne depuis l’avènement du mode de production capitaliste. Ce dessaisissement a été imposé aussi par les impératifs de l’internationalisation du capital dont le champ d’action n’était plus les marchés nationaux mais la terre entière. Depuis plus d’un quart de siècle, les États ne jouent plus ce rôle de régulation et de mise à niveau du taux de profit nécessaire à l’accumulation du capital. Aujourd’hui, le capital est à nouveau confronté à crise d’accumulation mais c’est trop tard, car les Etats capitalistes du centre (Etats-Unis, Europe, Japon) qui l’ont accompagné pendant sa phase juvénile et d’adolescence ont été subalternisés et ils ne pourront en aucun cas venir à son secours pour le sortir de la nasse. La crise actuelle n’est pas une simple crise cyclique à laquelle les États capitalistes peuvent opposer des mesures anti-cycliques comme ce fut le cas dans le passé. La crise actuelle est une crise mondiale et elle n’est nullement comparable à celle de 1929 où la politique de New Deal était une mesure anticyclique destinée à l’endiguer. Même si nous admettions que la crise actuelle ressemble à celle de 1929, les États d’aujourd’hui n’ont plus des moyens d’action susceptibles d’influencer le cours des événements et d’aider le capital à se relever et à repartir de plain-pied. Tout ce que les Chefs d’État et de gouvernement capitalistes peuvent faire, ce sont des gesticulations et des effets d’annonces. Ils ont perdu pieds et l’on se demande s’ils sont bien conscients de ce qu’il leur arrive réellement. Les hommes politiques ont certes le sens de la navigation à vue et un quotient de voracité mais du point de l'intellect, ça ne vole pas très haut. Ceux qui sont aux commandes du navire dans les pays capitalistes du centre ou leurs valets dans les pays du tiers-monde cherchent et vont chercher désespérément de sauver ce peut l’être. Mais il est trop tard, car le navire est en train de couler et ils vont tous finir comme ceux du Titanic, ironie du sort, naufragé il y a tout juste un siècle.

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots-clés : crise, fin du capitalisme

Publié dans CRISE

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