LIVRE NOIR DU COLONIALISME(1)

Publié le par ELMIR

LE LIVRE NOIR DU COLONIALISME(1)

 

POURQUOI L'AFRIQUE SE MEURT-ELLE ?

 

Au moment où nous terminons la rédaction de cet article, un nouveau chapitre vient s'ajouter au livre noir du colonialisme avec le Kenya, ancienne colonie anglaise devenue indépendante en 1963. Les scènes des violences interethniques à Eldoret(ouest) dans la vallée du Rift qui ont fait à ce jour plus de trois cents et 70 000 déplacés depuis l'élection contestée de Mwai Kibaki rappellent encore une fois que l'Afrique n'en finit pas de mourir. A suivre...

 

« L'indépendance politique qu'ils arracheront à l'ennemi contre le maintien d'une dépendance économique n'est qu'un leurre, que la deuxième phase de libération totale est nécessaire parce que exigée par les masses populaires, que cette deuxième phase, parce que capitale, doit être dure et menée avec aridité »(Franz Fanon, Pour la Révolution africaine, Paris, Maspéro, 1975. 1ère édition 1961.p128)

 

Le sommet Europe-Afrique qui s'est tenu à Lisbonne les 8 et 9 décembre s'achève comme à l'accoutumée avec des promesses et des voeux pieux. A chaque rencontre entre les dirigeants européens et africains, ce sont des millions d'euros dépensés pour ressasser des vieilleries datant de l'époque de la décolonisation: aide au développement, coopération, ouverture des marchés, tarifs préférentiels etc. Le sommet de Lisbonne prend cependant un relief particulier après l'arrivée de la Chine sur le continent africain considéré jusqu'ici comme la chasse gardée des seules puissances occidentales. L'irruption de cette nouvelle puissance économique et commerciale est devenue pour l'Europe et les USA un véritable casse-tête chinois.

 

Mais pour mieux comprendre les véritables enjeux de ce sommet, il est nécessaire d'opérer un retour aux conditions historiques qui ont préparé ce qu'il est convenu d'appeler le pacte néo colonial. Les « vérités premières à propos du problème colonial » livrées par Franz Fanon il y a un demi-siècle sur cette période cruciale de l'histoire du continent africain se révèlent d'une brûlante actualité. Pour Fanon, c'est au cours des négociations sur l'indépendance des États africains que les gouvernements colonialistes ont jeté le masque qui cachait leurs visées purement mercantiles, car, dit-il, l'heure n'était plus aux balivernes et à la mission civilisatrice, évangélique et culturelle de l'Occident mais aux choses sérieuses, « banques, zone monétaire, permis de recherche, concessions d'exploitation des ressources naturelles, inviolabilité des propriétés volées aux paysans africains lors de la conquête etc. » (Franz Fanon, Pour la Révolution africaine, Paris, Maspéro, 1975. 1ère édition 1961.p.124) En même temps qu'elles cherchaient à obtenir une reconnaissance juridique de leurs « droits  réels», les anciennes puissances coloniales se disputaient aussi entre elles des zones d'influence considérées comme une arme de guerre dans « la lutte gigantesque pour l'accaparement des marchés mondiaux »(F.Fanon, Pour la Révolution africaine, op.cit.p.126). Les différents accords d'aide et de coopération conclus à l'heure des indépendances ressemblaient à des contrats léonins, car ils avaient été plutôt imposés par une partie en position de force, en l'occurrence les anciennes puissances coloniales, à des jeunes États africains qui n'avaient pas d'autres choix que de les accepter.

 

Au delà des sourires carnassiers des participants aux sommets entre l'Afrique et l'Europe qui continuent à parler de partenariat et à afficher leur optimisme dans l'avenir de leurs relations bilatérales, se cache une toute autre réalité moins réjouissante et bien plus dramatique, celle d'une Afrique qui se meurt. En se projetant quarante ans en arrière, on s'aperçoit que non seulement les choses n'ont pas bougé d'un iota depuis cette mascarade juridico-politique que sont les indépendances des États Africains mais que l'Afrique d'aujourd'hui est à bout de souffle et elle est devenue plus que jamais un continent exsangue et meurtri. Les dirigeants africains avaient cru d'ailleurs à tort que la décolonisation était la panacée universelle, la fin d'une époque et le début d'une autre et elle allait leur apporter enfin la liberté retrouvée pour prendre en main leur destin. Or il n'en était rien et l'histoire leur a montré que la décolonisation et les indépendances étaient plutôt un véritable marché des dupes. Sinon comment peut-on expliquer la permanence du sous-développement chronique d'un continent qui possède pourtant de gigantesques richesses agricoles et minières alors que le Japon, un pays détruit à la sortie de la Seconde Guerre mondiale et pauvre en matières premières nécessaires à tout processus de développement économique est parvenu à se rehausser au rang de la deuxième puissance économie mondiale? Le bon choix à faire à l'heure des indépendances aurait été de couper carrément le cordon ombilical avec les anciens colonisateurs et il y a eu certainement à cette époque des personnalités issues des mouvements de libération nationale qui avaient songé à cette solution radicale en affichant leur ferme volonté de changer l'ordre des choses. Mais la pesanteur du passé était telle qu'ils ne pouvaient s'échapper impunément du zoo colonial et comme chacun le sait, ceux qui ont eu le malheur de s'engager dans cette voie difficile et semé d'embûches en se montrant un peu coriaces, avaient dû payer de leurs vies et ils avaient été tout simplement liquidés physiquement.

 

Une vue rétrospective sur les relations entre les deux continents montre par ailleurs que les problèmes de l'Afrique et ceux des pays du tiers-monde en général ne pouvaient être résolus par des soins palliatifs prodigués par l'association politique et la coopération économique, des systèmes et des mécanismes qui ont tendance à maintenir le malade sous perfusion que de soigner réellement son mal. Ce que l'on a pu observer depuis plus d'un demi-siècle, c'est que les moyens mis en oeuvre et les solutions préconisées se sont révélés inefficaces, car on ne compte plus à ce jour le nombre des institutions internationales, régionales, interrégionales qui ont pour mission, le développement économique et l'industrialisation des pays du tiers monde(par exemple CNUCED(créée en 1964), la FAO(1953), UNESCO( 1955), l'OMS (1958), PNUD, ONUDI, GATT, BIRD, FMI,etc. On ne compte plus le nombre des accords et des formes d'association et de coopération entre l'Europe et l'Afrique(Yaoundé I et II, Lomé I et II, CEE-ACP etc.) On ne compte plus le nombre des conférences et des réunions internationales consacrées aux problèmes du développement qui comptent tous les ans par milliers, animées par des milliers d'experts, des dizaines de milliers de fonctionnaires et d'une centaine d'organismes et d'institutions spécialisés. A elle seule, la ville de Genève accueille tous les ans plus de 1000 réunions consacrées aux problèmes du sous-développement et de l'industrialisation des pays du tiers-monde. On ne compte plus le nombre des déclarations et des proclamations solennelles adoptées par les Assemblées générales de l'ONU et consacrées aux questions du développement, « première et deuxième décennie du développement », Déclaration sur le Nouvel Ordre Économique international du 1er mai 1974, Cycle de Doha, Objectifs du Millénaire etc. On ne compte plus le nombre des programmes de et des projets de développement mis en place pour le continent africain, comme les principes de Monrovia de 1970, le plan de Lagos 1980-2000, CEDEAO(Communauté économique et douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest créée en 1975, groupant 15 États d'expression anglaise et française, avec leurs 115 millions d'habitants et plus de 6 millions de km²). Il faudra sûrement deux volumes de 600 pages chacun pour établir un bilan approximatif de tout ce qui a été proposé depuis un demi-siècle pour le développement économique du continent Africain et des pays du tiers-monde en général. Malgré tous ces travaux et projets titanesques, on parvient au même constat d'échec, l'Afrique est un continent qui se meurt si l'on en croit le cri d'alarme lancé par Monsieur Kodjo le secrétaire général de l'Organisation de l'Unité Africaine(OUA) à Lagos en 1980 lors d'une réunion des chefs d'Etats. Vingt sept ans après, on en revient au même constat d'échec dressé par les initiateurs du plan de Lagos(1980-2000) et qui se répète aujourd'hui avec le préambule du rapport 2007 sur l'Afrique et les Objectifs du Millénaire pour le développement où il est dit « A mi-chemin entre leur adoption en l'an 2000 et 2015, date butoir de leur réalisation, l'Afrique subsaharienne n'est en voie d'atteindre aucun des Objectifs du Millénaire pour le développement. En dépit d'avancées majeures dans plusieurs domaines et bien que la réalisation de ces objectifs reste possible dans la plupart des nations africaines, même les pays les mieux gouvernés du continent n'ont pas réussi à faire suffisamment de progrès pour réduire l'extrême pauvreté sous ses multiples formes » D'après ce rapport, l'Afrique compte 298 millions de personnes extrêmement pauvres en 2004 et 41,1 millions de personnes vivant avec un dollar par jour. Et ce n'est sûrement pas avec l'inspiration archo libérale des initiateurs des Objectifs du Millénaire qui amputent la cause de la pauvreté et du sous-développement à un problème de gouvernance que l'Afrique et les peuples africains verront dans un avenir proche le bout du tunnel. Même si nous admettions que la mauvaise gouvernance est la principale cause du sous-développement en Afrique comme semble le suggérer ce préambule, cette même mauvaise gouvernance a elle-même pour cause la dépendance économique, conséquence de la colonisation et de l'absence de contrôle des États africains sur leurs richesses naturelles. Le sous-développement chronique de l'Afrique n'est pas dû à une mauvaise politique économique, à une mauvaise gestion mais les racines du mal sont beaucoup plus profondes et résident essentiellement dans le mode de fonctionnement d'un système et d'une économie hérités de l'époque coloniale, fondé sur le détournement d'une grande partie des richesses nationales et sur le pillage des ressources naturelles par une élite africaine compradore et corrompue et par leurs complices, les multinationales qui rapatrient leurs profits colossaux vers les métropoles capitalistes. Et si les pays Africains n'ont pas pu rompre les liens de dépendance économique avec les anciennes métropoles et qu'ils n'ont pas pu disposer librement de leurs ressources naturelles, c'est parce qu'ils sont des entités créées artificiellement de toutes pièces par les colonisateurs européens et s'ils ont été façonnés d'une telle manière, c'est que leurs États demeurent éternellement faibles et facilement contrôlables par les puissances extérieures.

 

 

 

L'AFRIQUE, UN CONTINENT RICHE

 

Le continent africain possède tous les atouts pour égaler les autres puissances économiques du monde car il a le potentiel humain et les richesses naturelles. Au niveau démographique, la population africaine qui double tous les 25 ans était 401 millions d'habitants en 1975 et environ un milliard d'habitants aujourd'hui. Cette croissance démographique assure à l'Afrique une population jeune et une densité favorable, notamment dans les zones rurales, à la mise en valeur des ressources disponibles. Les terres agricoles sont considérables, car le continent dispose de 12% des terres cultivables mais avec seulement 8% des hommes.

 

Le continent africain possède et les matières premières industrielles: phosphates, or, manganèse, cuivre, fer, bauxite, diamants... et les produits agricoles de base: café, coton, cacao. Il pourrait se suffire à lui-même en pétrole et en uranium. Le Nigeria est le premier producteur africain de pétrole mais aussi de palme, d'ignames, de mil et de sorgho et il en est de même de la Côté d'Ivoire qui est le premier producteur mondial de café et de cacao. Le tableau suivant donne un aperçu des ressources agricoles et industrielles de l'Afrique. Le pourcentage indique la part de chaque produit dans les ressources mondiales.(données tout à fait approximatives)

 

 

RESSOURCES VIVRIERES

 

1-Ignames 96,7%

2- Manioc 36,9%

3- Huile de palme 31,8%

4-Arachides 26,8%

5-Mil 28,8%

6-Sorgho 15,7%

7- Maïs 7,7%

8- Canne à sucre 7,6%

9- Patates douces 4,9%

10- Noix de coco 4,6%

11- Riz 2,1%

12- Blé 1,9%

 

RESSOURCES

INDUSTRIELLES

1- Cacao 59,3%

2- Acajoun 54,1%

3- Sisal 44,4%

4- Noix de palme 41,0%

5- Café 24,5%

6- Graines de

sésames 24,4%

7- Thé 10,9%

8- Coton fibre 8,9%

9- Coton graines 8,6%

10- Tabac ---

 

RESSOURCES MINIERES

 

1-Or 74,5%

2- Diamants 70,8%

3- Cobalt 56,2%

4- Chrome 44,0%

5- Manganèse 36,5%

6- Uranium 28,7%

7- Phosphates 26,0%

8-Cuivre 19,6%

9- Bauxite 14,8%

10- Pétrole 10,2%

11- Fer 7,9%

12- Étain 6,0

13- Charbon 3,7%

 

La plupart des ressources minières de l'Afrique sont concentrées dans six pays pays comme le montre le tableau suivant:

 

PAYS TOTAL DES RESSORUCES AFRICAINES

 

Afrique du Sud

Charbon, 93,9%, chrome, 79,3%, fer, 43,1%, manganèse, 67,2%, or, 94,9%, uranium, 40,6%

Zaïre

Cobalt, 80,4%, diamants, 39,1%, étain, 27,2%

Zambie

Cuivre, 52,1%

Nigeria

Pétrole, 33,8%

Maroc

Phosphates, 60,5%

Guinée

Bauxite, 91,6%

 

La part de l'Afrique australe dans les réserves mondiales est considérable comme le montre le tableau suivant :

 

Chrome:96%, Diamant: 89%, Platine: 71%, Or:50%, Cobalt: 40%, Manganèse : 37%

Vanadium:19%, Fluor: 17%, Uranium : 14%, Cuivre:13%, Amiante:6%, Antimoine : 5%

 

Pour montrer l'importance économique et géostratégique de l'Afrique, il suffit de se reporter au taux de dépendance(chiffres approximatifs) de l'Union Européenne des matières premières agricoles et minières du continent Africain.

Produits de l'agriculture

Origine

Taux EU

Ananas frais

Ananas conserve

Bois tropicaux

Cacao et dérivés

Café vert

 

Coton égrené

Caoutchouc naturel

Banane fraîche

Huile arachide

Noix amandes de palme

Sisal

Thon entier

Tourteaux arachide

Vanille

produits minéraux métaux

Côte d'Ivoire-Cameroun

Côte d'Ivoire

Gabon,RDC,Côte d'Ivoire

CI,Cameroun,Togo

CI, ZaÎre, Cameroun, Madagascar

Tchad,Mali,Burkina Faso

Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire, Cameroun

Sénégal

Côte d'Ivoire, Cameroun

Madagascar

Côte d'Ivoire, Sénégal

Sénégal

Madagascar

----------------------------

90%

28%

46%

41%

25%

 

10%

7%

11%

49%

10%

3%

51%

32%

90%

----------------------------

 

 

Aluminium

Chrome

Fer

Manganèse

Pétrole

Phosphate

Uranium

Étain

Cuivre

Cameroun

Madagascar

Mauritanie

Gabon

Gabon? Congo

Togo, Sénégal

Niger, Gabon

Rwanda, Zaïre

Zaïre, Mauritanie

--------

41,1%

4,8%

23,3%

0,5%

15,2%

95,0%

22,3%

17,7%

 

 

L'Afrique est à l'origine de 5,1% du zinc dans le monde, de 6% de la bauxite(Guinée et Cameroun), de 6,2% du plomb, de 8,4% de l'étain(Zaïre), de 9,5% du fer, de 20% du cuivre(Zambie et Zaïre), de 20,9 de l'uranium(Afrique du Sud, Namibie, Niger, Gabon), de 32,2% du manganèse(Afrique du Sud, Zaïre et Gabon), de 32,9% du chrome(Afrique du Sud et Zimbabwe), de 41% du vanadium(Afrique du Sud), de 75,5% du cobalt(Zaïre et Zambie), de 76,6% des diamants(Zaïre, Afrique du Sud, Bostwana, Ghana, Centrafrique), de 79,2% de l'or(Afrique du Sud).

 

ET POURTANT L'AFRIQUE, UN CONTINENT QUI SE MEURT...

 

Si l'on se réfère aux Objectifs du Millénaire pour le développement de l'ONU, il y a en 2007, 41,1 millions de personnes vivant avec un dollar par jour et le nombre de personnes extrêmement pauvres qui était de 296 millions en 1999 s'élève à 298 millions en 2004. Le pourcentage des enfants des moins de cinq ans souffrant d'insuffisance pondérale est passé de 237 millions en 1990 à 348 millions en 2007 et devrait atteindre 403 millions en 2015. L'espérance de vie en Afrique est en moyenne de 55 ans et c'est en Afrique que le taux de mortalité enfantine est le plus élevé de tous les continents: 140 décès au cours de la première année pour 1000 habitants, un enfant sur deux meurt avant cinq ans. La maladie du sommeil frappe plus de 50 millions d'Africains, la rougeole tue chaque année en Afrique plus de 500 000 enfants et chaque jour qui passe, 12 000 enfants meurent de l'une ou l'autre des maladies suivantes: rougeole, diphtérie, coqueluche, poliomyélite, tétanos, tuberculose; soit 500 à l'heure.

 

Pourquoi l'Afrique est-elle devenue cette terre meurtrie et sinistrée et pourtant un continent possédant des richesses naturelles insoupçonnables? Les défenseurs de l'idéologie des droits de l'Homme ne peuvent tout de même pas sortir de leur chapeau, une énième ineptie en attribuant la faim, la misère et la mort qui frappent quotidiennement les populations africaines, au communisme, au stalinisme et au Goulag. Ce serait de leur part une pure escroquerie intellectuelle, car le communisme n'a jamais réussi à prendre pied dans cette région du monde. Les quelques nationalistes africains de tendance socialiste et marxiste ont été tout simplement liquidés physiquement en pensant tout naturellement à Patrice Lumumba.

 

Cela dit, on peut se demander après tout comment des enfants et des adultes peuvent souffrir de la sous-alimentation chronique et de la malnutrition quotidienne ou tout simplement mourir de faim dans un continent aussi riche en ressources agricoles et minérales. Et ce désastre humanitaire n'a cessé de prendre de l'ampleur au fil des années. Par exemple, entre 1961 et 1970, le taux d'accroissement annuel moyen de la production a été de 2,7% pour une croissance démographique d'environ 2,6% par an, soit une amélioration de la production vivrière nette de l'ordre de 0,1% par an. Entre 1970 et 1977, le taux d'accroissement annuel moyen de la production est tombé à 1,3% soit la moitié du taux enregistré entre 1961 et 1970, le taux de croissance de la population restant de l'ordre de 2,6% environ par an, soit une détérioration de la situation alimentaire de l'ordre de – 1,4% par an. L'Afrique tropicale qui se suffisait à elle-même en céréales en 1950, en importait 2 millions en 1960 et et 14 millions en 1980. En l'an 2000, l'Afrique ne couvrait que 60% de ses besoins alimentaires alors qu'en 1950 elle assurait son auto-suffisance alimentaire. Les importations de produits alimentaires ont augmenté parallèlement à la détérioration des productions vivrières et le commerce net des principales denrées alimentaires ne cesse d'enregistrer un déficit record. L'Afrique importe aujourd'hui plus de nourriture que l'Inde et la Chine et voilà que la vie d'un milliard d'Africains est à la merci d'un moindre aléa politique(régimes communistes au pouvoir ou voire un régime non marxiste mais hostile comme celui de Mugabe au Mozambique)) de la bourse du blé de Chicago ou du food power d'un ou deux États capitalistes comme les USA ou le Canada. La clé de l'explication de ce désastre alimentaire se trouve dans la destruction de l'agriculture vivrière des sociétés africaines et son remplacement par une économie extravertie spécialisée dans la culture et la production des seuls produits exportables. Le seul secteur de l'industrie de transformation des matières premières agricoles et minérales des pays africains s'est révélé incapable d'absorber l'onde de choc provoquée par l'exode rural massif à cause d'une technologie occidentale entièrement automatisée faisant l'économie d'une main-d'oeuvre locale. Il en est ainsi de l'industrie agro-industrie de contre-saison, melons, haricots verts, tomates, qui est elle aussi entièrement mécanisée et automatisée. C'est cette orientation néo coloniale des économies africaines qui est responsable de la famine en Afrique, car elle prive la paysannerie locale de son seul instrument de survie, la terre, nécessaire à sa reproduction biologique sans permettre pour autant aux paysans ayant opté pour des cultures maraîchères de contre-saison, de vivre du produit de leur travail puisqu'ils sont sous-payés. La sempiternelle rengaine des rentrées de devises pour les pays d'accueil, c'est de la poudre aux yeux, car les rentrées des devises ne résolvent en rien les problèmes des campagnes africaines affamées, du fait que les paysans spoliés n'en voient rien arriver qui puisse améliorer leur ordinaire et que l'on ne se nourrit pas seulement avec des devises étrangères. C'est encore une fois Franz Fanon qui a parfaitement analysé la nature de l'économie coloniale quand il observe que « la domination coloniale, on le sait, privilégie certaines régions. L'économie de la colonie n'est pas intégrée à l'ensemble de la nation. Elle est toujours disposée dans des rapports de complémentarité avec les différentes métropoles. Le colonialisme n'exploite presque jamais la totalité du pays. Il se contente de mettre à jour des ressources naturelles qu'il extrait et exporte vers les industries métropolitaines permettant ainsi une relative richesse sectorale tandis que le reste de la colonie poursuit, ou du moins approfondit, son sous-développement et sa misère »(Franz Fanon, Les damnés de la terre, op.cit.p.103)

 

Privés de leurs richesses agricoles, les peuples africains le sont aussi de leurs richesses minérales à juger par la faible part de leur secteur industriel dans le produit national brut qui n'atteint pas le 10%, un pourcentage largement en dessous du seuil requis de 30% pour classer un pays parmi les nations industrialisées. Cela est dû au fait que l'exploitation et la gestion des gisements des minéraux(fer, étain, cuivre,manganèse, bauxite etc.) sont entièrement aux mains des grandes firmes étrangères et que plus de la moitié des exportations du tiers-monde sont des échanges entre filiale et maison-mère ou filiales d'une ou de plusieurs multinationales. Ce qui paraît encore plus aberrant, c'est qu'un pays comme le Zaïre, un grand producteur de cuivre, qui ne dispose même pas d'une industrie électrique, est obligé d'importer le fil électrique de Bruxelles et de Paris. La Guinée, premier producteur mondial de la bauxite, achète de l'aluminium transformé par les entreprises et les multinationales étrangères et sa part ainsi que celles de tous les pays du tiers-monde n'atteignent même pas le 6% dans la production mondiale d'aluminium. Cette sous-industrialisation des pays africains et leur faible part dans la production mondiale des produits industriels finis ou semi-finis s'expliquent par l'absence d'articulation entre les différents secteurs de l'économie nationale, entre les systèmes de production et de consommation du secteur minier et ceux de l'agriculture. Mais cette absence d'articulation entre les différents secteurs des économies africaines est aussi l'héritage de l'économie coloniale et sa logique capitaliste qui privilégient les seuls secteurs économiques qui rapportent du profit au détriment des autres secteurs de l'économie nationale. Car, en effet, au lieu d'être investis dans les secteurs sous-développés de l'économie africaine et pour limiter le surendettement public vis-à-vis de la Banque Mondiale et du FMI, les profits des multinationales étrangères qui représentent parfois des pourcentages colossaux par rapport à l'investissement direct initial sont rapatriés vers des zones plus rentables du tiers-monde ou vers les métropoles capitalistes pour être placés (à rappeler que le capital, comme la propagande, ne doit jamais chômer,) notamment dans les immobiliers. A ces profits des multinationales, il faudra ajouter l'argent de la corruption des élites africaines et qui représente en fin de compte, selon des études, entre 5 et 10% du PNB de chaque pays. Bref, les vrais responsables de l'ordre meurtrier et génocidaire en Afrique et les causes du sous-développement économique de ce continent ne sauront être amputés ni à la démographie, ni à la culture, ni à la religion; le seul coupable a un nom, le colonialisme d'hier et le néo-colonialisme d'aujourd'hui. La seule différence entre le meurtrier d'hier et celui d'aujourd'hui, c'est que le premier tuait à visage découvert et d'une manière brutale alors que le second avance à visage masqué et tue beaucoup plus discrètement mais beaucoup plus efficacement grâce à une nouvelle technologie de pouvoir.

 

SOCIOLOGIE DE POUVOIR COLONIAL

 

A- VIOLENCE LARVEE DU PREMIER ÂGE COLONIAL

 

A la question qu'est-ce que le colonialisme, Franz Fanon répond qu'il est avant tout « la conquête d'un territoire et l'oppression d'un peuple; c'est tout »(Pour la Révolution africaine,op.cit.p.77). Le colonialisme, c'est à la fois une domination militaire et « l'organisation de la domination d'une nation après la conquête militaire. La guerre de libération n'est pas quête de réformes mais effort grandiose d'un peuple qu'on avait momifié pour retrouver son génie, pour reprendre en main son histoire et s'installer souverain »(Ibid.p.79) Fanon a raison d'affirmer que le colonialisme est essentiellement une entreprise guerrière, car si l'on remonte au début de l'histoire de la colonisation européenne du Nouveau Monde, on découvre en effet que le deuxième voyage de Christophe Colomb à Haïti à la fin de 1493 n'était pas un voyage touristique en quête d'exotisme mais une occupation armée de l'île rebaptisée Hispaniola grâce à une armada composée de dix-sept navires et de douze cents hommes, inaugurant ainsi l'ère des massacres des peuples indiens et le pillage de leurs richesses naturelles avant le déferlement des colonisateurs européens sur d'autres continents. Le continent africain avait dû subir à son tour le même sort.

 

Mais l'histoire de la colonisation européenne, c'est aussi une leçon de sociologie de pouvoir en général, car elle montre la fragilité de toute occupation militaire de territoire fondée essentiellement sur la violence larvée et la force brutale. En outre, cette forme de domination peut se révéler à la longue trop coûteuse humainement et matériellement pour les forces occupantes, car elle est trop visible et trop violente pour être acceptée facilement par les peuples conquis. C'est pourquoi on a pu remarquer que les territoires convoités n'étaient jamais choisis au hasard et le premier réflexe des futurs colonisateurs étaient d'abord de cartographier les différentes zones riches en ressources naturelles dont l'exploitation devaient servir à financer les forces d'occupation et à amortir les dépenses de fonctionnement de la puissance occupante. Dans tous les cas et quelque que soit sa forme, un pouvoir a besoin d'énormes richesses matérielles tant pour asseoir sa violence symbolique dans l'espace occupé(construction des palais, des tribunaux, des prisons, des lieux de séparation et de ségrégation entre les populations) que pour entretenir une armée de parasites, de serviteurs et de dévoués civils et militaires prêts à le défendre en cas de besoin. Mais cette forme de domination par la force et la violence, outre son coût très élevé pour les forces occupantes, se révèle à la longue inefficace et ses résultats plus qu'aléatoires, car elle est trop visible et c'est parce qu'elle est trop visible qu'elle est top fragile et qu'elle peut, de surcroît, focaliser sur elle toutes les rancunes des peuples dominés. C'est pourquoi, l'histoire de la colonisation européenne en Afrique noire a toujours été émaillée par des révoltes et des insurrections dues au fait que le pouvoir en place était exercé par des blancs qui avaient érigé la force et la violence larvée comme mode de gouvernement. Une chronologie des principales révoltes et insurrections en Afrique noire depuis la fin du XIXe siècle montre la fragilité d'une telle forme de domination coloniale mais aussi les mouvements de résistances qu'elle avait suscites. Il y a l'insurrection algérienne de 1871 quelques décennies après l'occupation de l'Algérie par les Français en 1832, l'insurrection du Mahdi au Soudan et des Baoulé en Côte d'Ivoire en 1881, l'insurrection de Mamamdou Lamine au Sénégal en 1885, le soulèvement contre les Portugais au Mozambique en 1892, la guerre d'indépendance en Rhodésie du Sud en 1896, la guerre du royaume de Nupe(Nigeria) contre les Anglais en 1897, un nouveau soulèvement du Mahdi au Soudan en 1898, une nouvelle insurrection dans les Somalies et au Niger en 1899, la révolte achanti en Côte-de-l'Or(Ghana) en 1900, la révolte des Azande et Mandja en Afrique centrale en 1903, l'insurrection Maji-Maji(Tanzanie) en 1904, la révolte zouloue au Natal en 1905, la révolte des Hereros en Afrique du sud-Ouest(Namibie) en 1905, l'insurrection en Côte d'Ivoire en 1908, le mouvement Ovembo en Angola du Sud en 1911-1915, le soulèvements au Cameroun en 1912, la résistance tutsi et hutu au Ruanda et Urundi(Rwanda et Burundi) en 111-1917, la révolte des Holli et Somba au Dahomey et au Togo en 1914-1918, la révolte des Baya en Oubangui-Chari(Centrafrique) en 1927-1931, la révolte de l'Urundi(Burundi) et des Pende au Congo belge en 1931. Tant que les puissances occupantes régnaient en maîtres absolus sur les richesses naturelles de leurs colonies en Afrique, elles pouvaient solder une grande armée d'indigènes pour mater et briser les d'autres mouvements indigènes de résistance et de contestation. Loin de venir à bout des révoltes et des insurrections dont les colonies étaient périodiquement le théâtre, chaque répression par la force et la violence ne faisant que renforcer la capacité de résistance des mouvements contestataires africains et c'est cette résistance qui a fini par convaincre les puissances coloniales que l'heure était venue, si elles ne voulaient pas complètement perdre pied dans leurs anciennes colonies, d'opter pour une nouvelle technologie de pouvoir qui était déjà à l'oeuvre dans les métropoles. C'est pourquoi nous pensons que la décolonisation n'était pas la fin d'une époque et le début d'une autre mais celle de la succession d'un mode de domination à un autre, la domination douce avec des moyens et des armes plus discrets, moins visibles et plus insidieux à la violence larvée, visible et brutale qui caractérisait le premier âge du colonialisme.

 

B-DOMINATION DOUCE DU SECOND ÂGE DU COLONIALISME

 

Contrairement à la domination par la violence et la force brutale du premier âge du colonialisme, la domination douce est devenue le mode opératoire du néo colonialisme, fondé sur une gigantesque machinerie qui démultiplie les forces pour mieux soutirer et pour mieux prélever sur les richesses des peuples anciennement colonisés. Si ce nouveau mode de domination n'est localisable dans aucune institution, il est cependant constitué d'un ensemble d'observatoires visibles sans être vus. Il ne s'exprime d'ailleurs jamais sous forme de discours mais quand il s'exprime, sa forme d'expression reste tout de même l'instrumentalisation multiforme. Quand il opère, ce n'est plus sous le couvert d'une quelconque mission civilisatrice mais sous forme d'un humanisme au rabais et des droitsdel'homisme vite rattrapés par la dure réalité de la géopolitique et par la logique impérialiste de partage des zones d'influence. La domination douce de l'âge néo colonial est composée d'une myriade d'institutions diffuses et anonymes, de petites techniques de contrôle et de surveillance multiples, entrecroisées et commandées à distance, de relais et de chambres obscures spécialisés dans les manoeuvres, les complots, les coups bas, les assassinats, les activités subversives, le renversement des régimes devenus encombrants ou rebelles etc. Ce mode de domination joue par ailleurs un rôle idéologique visant à brouiller les pistes quant aux conséquences désastreuses, humainement et matériellement, du premier âge du colonialisme. D'abord, après les indépendances, les séquelles de la colonisation, notamment l'urbanisation galopante suite à à la destruction de l'économie vivrière et l'exode rural massif qui en est le produit sont amputées à un mauvais mode de gouvernance des gouvernements africains comme nous avons pu le constater avec le préambule du rapport 2007 sur les Objectifs du Millénaire(voir ci-haut) et non à à la logique intrinsèque de l'économie coloniale. Ensuite, les causes du sous-développement et de la sous-industrialisation chroniques du continent africain sont indûment attribuées à des facteurs endogènes alors qu'elles sont des conséquences induites par l'impact de la période coloniale et par la permanence des liens de dépendance économique et politique des jeunes États indépendants à l'égard de leurs anciens colonisateurs. Autrement dit, les problèmes du sous-développement, de la faim, de la misère et de la mort dont soufre l'Afrique d'aujourd'hui sont mis sur le compte des facteurs endogènes, sur les conservatismes et les archaïsmes des structures des sociétés africaines, cultures, tribalisme, religion, animisme etc. en sachant parfaitement que ces facteurs endogènes ne sauront à eux seuls expliquer les causes du sous-développent et la paupérisation du continent africain, car la société japonaise est aussi et même plus conservatrice que celles de l'Afrique et le Japon qui n'a pas de matières premières pour son industrie est devenu tout de même la deuxième économie mondiale.

 

Il n'est pas possible dans le cadre de cet article d'énumérer toutes les techniques de la domination douce qui caractérisent la période néo coloniale. A titre indicatif, nous nous contentons d'en énumérer quelques unes.

 

-Tutelle financière et économique: exercée par des organismes économiques et par les unions douanières et monétaires créées au moment des indépendances: zone franc et East African Economic Community(Communauté économique de l'Afrique de l'Est; le CEA (Commission économique pour l'Afrique) fondée en 1958, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) fusionné en 1965 avec le Fonds spécial des Nations Unies, la BIRD (Banque Internationale pour le Reconstruction et le développement), filiale de la Banque Mondiale, FMI et Banque Mondiale etc. le FAC (Fonds d'Aide et de Coopération), le FED(Fonds Européen de Développement), Convention de Yaoundé, puis Lomé I et II.

-Organismes de coopération culturelle: Agence de Coopération culturelle et technique des pays francophones.

-Assassinats politiques: Patrice Lumumba, Sylvanus Olympio, Ben Barka, Dr Outel Bono, Félix-Roland Moumié.

-Renversement de personnalités: Léon M'Ba(Gabon), Tombalbayé(Tchad),

-Interventions militaires:Sahara, Tchad, Zaïre, Centrafrique, Djibouti,

-Coopération militaire,outil de contrôle(Stagiaires, coopérants, conseillers, marchands de canons, parachutistes, surveillance des territoires africains, force d'intervention etc.

-Soutien à des dictatures, Mobutu, Bokassa, Ahidjo, Bango etc.

-Bases militaires, Bangui, Bouar, Ouakam(Sénégal), Libreville(Gabon), Port Bouët(Côte d'Ivoire), Djibouti. (20 000 militaires en 1978). Depuis, Djibouti est devenu une base américaine qui contrôle toute la Corne de l'Afrique

-Services secrets français et étrangers disséminés sur tout le continent africain.

-Assistance technique.

-Tribunaux pénaux internationaux ad hoc, dernière technique de contrôle néo colonialiste apparue après la disparition du bloc communiste.

-Firmes multinationales étrangères, relais de contrôle politique, économique et services discrets de renseignements.

-Aide militaire et logistique occidentale à la répression

-Corruption des élites africaines comme mode de gouvernement: Appâter les « élites » africaines par l'argent et les comptes bancaires en Suisse et ailleurs.

-ONG et organisations humanitaires, gros collecteurs de renseignements publiés et communiqués aux décideurs politiques et militaires des États capitalistes

-Différentes missions de maintien de la paix de l'ONU, leur rôle dans le maintien du statu quo en Afrique.

 

A la question pourquoi l'Afrique se meurt-elle? La réponse paraît peut-être brutale et sans détour, c'est la colonisation européenne de ce continent décidée d'abord par la Conférence de Berlin en 1885 et parachevée ensuite par le traité de Versailles du 28 juin 1919. C'est la colonisation européenne qui, en bouleversant de fond en comble les structures économiques, politiques et sociales des sociétés africaines, a mis en place les germes du futur ordre génocidaire et meurtrier responsable aujourd'hui de la mort, de la misère et de la pauvreté qui frappent quotidiennement les populations de ce continent. La nouvelle guerre civile interethnique qui se profile à l'horizon au Kenya, une ancienne colonie anglaise devenue indépendante en 1963, est un nouveau chapitre qui vient s'ajouter aux autres chapitres du livre noir du colonialisme. Rappelons pour l'histoire que ces mêmes colonisateurs européens avaient décidé à deux reprises de se faire eux-mêmes justice en obligeant les occupants de leurs propres territoires, l'Allemagne(l'Allemagne paiera!) et ses alliés, les pays de l'Axe, à payer cher pour « des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité » qu'ils avaient commis à l'encontre de leurs populations. Pourquoi l'Afrique n'aurait-elle pas droit, elle aussi, à son propre Tribunal de Nuremberg devant lequel les colonisateurs de ce continent et leurs complices(qu'ils soient des États, des individus, des noirs ou des blancs) auront à répondre des mêmes infractions définies lors du procès de Nuremberg en 1945, à payer et à réparer tous les dommages matériels et moraux qu'ils ont dû causer aux peuples africains depuis la Conférence de Berlin en 1885 jusqu'à nos jours ?

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots clés: livre noir du colonialisme, sommet Europe-Afrique, colonialisme, néo colonialisme, économie coloniale, sociologie de pouvoir colonial.

 

DEUXIEME PARTIE: POURQUOI L'AFRIQUE N'AURAIT-ELLE PAS SON TRIBUNAL DE NUREMBERG ?

Publié dans COLONIALISME

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