bucléaire iranien

Publié le par ELMIR

 
C’est un résumé d’un article publié dans le Bulletin de l’International. Il tente de démontrer que l’Iran a le droit de maîtriser l’énergie nucléaire au même titre que tous les autres pays pour des raisons économiques, écologiques mais aussi de force de dissuasion s’il ne veut pas finir comme l’Irak de Saddam Hussein.
 
POURQUOI L’IRAN SE DOIT-IL DE MAÎTRISER L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE

Pourquoi l’Iran s’attache-t-il tant à la maîtrise de l’énergie nucléaire ? La propagande nationale et internationale menée par les USA et les pays européens est axée essentiellement sur la volonté de ce pays de se doter de l’arme nucléaire. Comme toute propagande, tout n’est pas faux mais c’est plutôt la manière de présenter les données et de les interpréter qui est erronée. Il y a trois raisons fondamentales qui doivent inciter l’Iran à maîtriser l’énergie nucléaire.

1 - RAISONS ECONOMIQUES

l’Iran est un membre de l’Opep et à ce titre il a profité comme tous les producteurs du pétrole d’une importante manne financière. L’exportation du pétrole et du gaz iraniens a rapporté 23 milliards durant l’année 2002-2003 et 55 milliards en 2005. Cette augmentation est due à un prix de baril à 23 dollars en 2002-2003 et de 55 dollars en 2005). Cette manne financière a permis une croissance annuelle de 6,2% par an. L’excédent commercial a dépassé les 47 milliards de dollars soit deux fois la dette extérieure de l’Iran pour atteindre les 62 milliards de dollars en 2005.
Malgré cette image idyllique de l’économie iranienne, l’élite politique et la technocratie du pays formées parfois dans les grandes universités américaine et européenne sont conscientes que le pétrole, comme toutes les matières premières, va rapidement s’épuiser et les réserves mondiales sont déjà largement entamées et l’émergence gros consommateurs comme la Chine, l’Inde et les pays du Sud Est asiatique va encore un peu plus accélérer cette tendance. Depuis quelques décennies, d’autres pays africains sont entrés sur le marché pétrolier et viennent concurrencer les anciens producteurs. On assiste ainsi à un déséquilibre du marché suite à l’augmentation de l’offre par rapport à la demande. Par exemple, en avril 2006, l’offre excédait la demande d’un million de barils par jour. A cela s’ajoute la nouvelle politique énergétique des pays consommateurs qui se traduit par l’augmentation de leurs réserves stratégiques estimées à 1,4 milliards de barils, ce qui correspond à 560 jours. Parallèlement, une politique de relance de l’énergie nucléaire dans certains pays industrialisés visant à réduire leur dépendance énergétique mais le résultat sera à long terme une perte de recettes pétrolières pour les pays producteurs. Cette baisse de recettes générées par le pétrole aura certainement un impact considérable sur l’économie iranienne quand on sait que le revenu du pétrole représente 75% du budget de l’État.

RAISONS ECOLOGIQUES

Aujourd’hui, le prix dérisoire du gasoil entraîne une augmentation de la pollution de l’air et Téhéran est parmi les villes les plus polluées du monde. La réduction de la consommation du gasoil et donc de la pollution de l’air devient donc pour le gouvernement iranien une question de survie. Après tout, quoiqu’ils en pensent les mouvements écologiques, l’énergie nucléaire sera la meilleure réponse à la pollution atmosphérique et en premier lieu comme une solution aux problèmes du réchauffement climatique. Pourquoi refuser à l’Iran l’utilisation de l’énergie nucléaire comme solution à ses problèmes économiques et écologiques pour remédier à l’épuisement des réserves pétrolières et à la pollution de l’air quand les pays industrialisés pratiquent une nouvelle politique de relance de l’énergie nucléaire et que la part de cette forme d’énergie représente parfois comme en France jusqu’à 70% de la production de l’électricité et 17% de l’ensemble de l’énergie consommée ? D’autant plus que l’Iran ne sera ni le premier ni le dernier pays à se reporter à cette énergie quand on sait qu’il y a actuellement 500 centrales nucléaires destinées à produire de l’électricité dans 35 pays en majorité des pays industrialisés. Non seulement l’énergie nucléaire est une énergie propre mais sa durée de vie est importante car elle atteint 40 ans. La maîtrise de l’énergie nucléaire sera pas un luxe ou un superflu inutile pour un pays comme l’Iran mais une solution rationnelle et pratique aux problèmes de pollution de l’air et de la protection de l’environnement humain et naturel.

RAISONS MILITAIRES

Les manœuvres et les stratagèmes utilisés par les USA et des pays européens ne trompent personne. Ils visent essentiellement à empêcher l’Iran de maîtriser l’énergie nucléaire et de se doter à terme de l’arme de dissuasion atomique pour le maintenir, comme d’ailleurs tous les pays riches en matières premières, dans une infériorité militaire. Car plus l’ennemi est faible militairement, plus il se soumet au diktat des puissants. Les arguments des Occidentaux sont donc fallacieux et plus que douteux. D’abord, l’Iran ne menace pas la sécurité régionale et il n’a menacé à ce jour personne depuis la révolution islamique de 1979. L’insécurité et les troubles qui règnent au Moyen Orient, ce sont les visées expansionnistes et néo colonialistes qui en sont la cause. Dans l’histoire diplomatique et militaire de la région, on ne trouve pas un seul exemple où l’Iran a pris l’initiative d’agresser un pays voisin. En 1980, ce sont les pays occidentaux qui ont armé et poussé le régime de Saddam Hussein à attaquer l’Iran. C’est Israël et non pas l’Iran qui a détruit les centrales nucléaires irakiennes Osirak et Tammouz construites alors avec l’aide de la France. L’invasion du Liban en 1982, c’est encore Israël. L’occupation du Koweït en 1990, c’est l’Irak de Saddam Hussein et non pas l’Iran. L’occupation de l’Afghanistan en 2001, ce sont les américains et les européens et non pas les iraniens. L’invasion de l’Irak en 2003, ce sont encore les américains et leurs alliées et non pas les iraniens. La guerre du Liban de Juillet 2006 contre le Hezbollah libanais, ce sont les israéliens, aidés et soutenus militairement par les américains et politiquement par les français à l’ONU pour en finir avec le parti chiite libanais. Encore une fois, ce ne sont pas les iraniens qui ont détruit la moitié du Liban. Ce ne sont pas les porte-avions iraniens qui sont en train de rôder dans les eaux troubles du Golfe Persique et à proximité du détroit d’Ormuz. Après tout, si les américains ne s’étaient pas trouvés mouillés jusqu’au cou dans le bourbier irakien, l’Iran serait aujourd’hui sous l’occupation américaine avec Khalidzad, l’ancien ambassadeur américain à Bagdad, nommé depuis ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, comme administrateur civil et militaire. 
Pour échapper au sort que les américains et les européens ont réservés à l’Irak et à l’Afghanistan, l’Iran n’a pas mille choix, il en a un seul: se doter de l’arme nucléaire non pas pour s’en servir mais pour dissuader ses agresseurs éventuels en suivant le sage adage: il vaut mieux montrer ses muscles pour ne pas s’en servir un jour. Dans ce cas là, l’arme atomique ne doit pas être un luxe ou un prestige pour un pays aussi convoité et stratégique que l’Iran, c’est aussi et avant tout une question de survie et de dignité pour le peuple iranien s’il ne veut pas subir le sort de son voisin irakien qui paie un lourd tribut estimé en vies humaines à une centaine de morts par jour. L’arme atomique doit également être détenue par tous les pays dont la position est hautement géostratégique et dont les sols recèlent des richesses naturelles insoupçonnées. Car, dans la jungle capitaliste et conformément à la loi de sélection naturelle de Darwin, ceux qui ne veulent pas se voir un jour engloutis et broyés par les puissantes mâchoires des crocodiles, doivent absolument se doter de tous les moyens en leur possession pour les empêcher de se refermer sur eux.


FAOUZI ELMIR     

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